L'opération de mise en conformité des statuts des fédérations sportives et des clubs amateurs (CSA) avec le décret exécutif n°15-74 du 16 février 2015 fixant les dispositions et le statut-type applicables au club sportif amateur a pris fin le 16 février. Désormais, les clubs et les fédérations sont obligés de se soumettre aux dispositions de ce décret, qualifié de "pénalisant" par les acteurs du mouvement sportif national, notamment en ce qui concerne le volet financement. En effet, l'article 6 du décret stipule qu'il "est interdit le changement de destination par le club amateur d'une subvention publique de l'Etat ou des collectivités locales sans l'accord express de l'administration chargée des sports sans en avoir informé et recueilli l'avis de la collectivité ou de l'organisme ayant octroyé la subvention. Aucune rémunération ou indemnité, ou prime attribuée à un sportif du club sportif amateur, ne peut être puisée sur les subventions publiques de l'Etat ou des collectivités locales accordées au club sportif amateur sous peine de sanctions prévues par la législation et la réglementation en vigueur". Autrement dit, un club sportif amateur omnisports ne peut pas payer ses athlètes et ses entraîneurs à partir des subventions de l'Etat. Les dirigeants des clubs amateurs doivent donc se débrouiller pour dénicher des sponsors afin de pouvoir payer leur personnel, ce qui n'est guère évident en ces temps de crise. "Déjà avec la professionnalisation du football, nous avons perdu un capteur de sponsors certain. Depuis, le club amateur, par manque de visibilité chez les investisseurs, n'attire plus les sponsors, il ne nous reste plus que les subventions de l'Etat et des collectivités locales pour assurer le financement des différentes disciplines et le fonctionnement des clubs. Or, avec ce décret, on se retrouve dans l'incapacité de payer les athlètes et les entraîneurs. Personnellement, j'ai un peu d'argent dans le compte du club, mais je ne peux pas payer mon personnel, car la loi l'interdit. C'est une aberration. J'espère vivement que le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, qui n'est pas derrière ce décret, puisse prendre le temps de le revoir et surtout écouter nos doléances", souligne à Liberté le président du CSA de l'USMA, Saïd Allik, pour qui "l'élaboration de ce décret a été faite sans un minimum de débat". "Aujourd'hui, c'est la mort du sport amateur qui est prononcée en haut lieu, et si des décisions rapides ne sont pas prononcées par rapport à l'application de ce décret, beaucoup de clubs et de fédérations vont mettre la clé sous le paillasson. Vous ne pouvez pas motiver vos athlètes dont des internationaux qui défendent les couleurs nationales, sans les récompenser financièrement", martèle-t-il. Du reste, une délégation de responsables de fédérations a été reçue récemment par le ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Ould Ali, qui leur a promis d'intervenir pour éviter "les solutions extrêmes". Selon une source digne de foi, le ministre a promis le gel du décret exécutif n°15-74. Mais depuis, le MJS est resté muet sur le sujet, d'où les appréhensions des responsables sportifs qui ne savent plus à quel saint se vouer ! SAMIR LAMARI