Le ministre d'Etat a répliqué hier, à Philippe Douste-Blazy, chef de la diplomatie française, recommandant un dialogue direct entre Alger et Rabat sur la question du Sahara occidental. “L'Algérie dans ses relations avec ses frères n'a pas besoin de tutelle. Nous dialoguons avec eux de manière directe. Et rien ne nous empêche de nous concerter.” La réplique de Abdelaziz Belkhadem à Philipe Douste-Blazy était sèche. Le ministre d'état, représentant personnel du président de la république, a insisté auprès des journalistes pour répercuter son propos. “Ecrivez-le en grande manchette”, leur a-t-il demandé. En l'absence de son successeur, Mohamed Bedjaoui, actuellement à New York, le secrétaire général du FLN a repris son ancien rôle, dénonçant les velléités d'ingérence de la France dans les relations avec le voisin marocain. Ses reproches ciblent le royaume ibérique également. “Nous n'avons besoin ni du ministre français des affaires étrangères ni de son homologue espagnol pour dialoguer (avec le Maroc). Nous nous concertons et nous coopérons dans la mesure de nos possibilités. Cependant, nous divergeons sur l'affaire du Sahara occidental dont le traitement dépend de l'ONU dans le cadre de l'application de la légalité internationale”, a signifié M. Belkhadem. Il a développé son argumentaire sur la base de trois points essentiels. Ils s'articulent autour de la fidélité de l'Algérie aux résolutions de l'organisation onusienne et de son soutien au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Le troisième aspect évoque, quant à lui, l'instauration d'un dialogue avec le Maroc qui ne soit pas tributaire du renoncement de notre pays à ses positions de principe. Bien que M. Belkhadem attribue les reports des sommets de l'UMA à un simple désaccord de calendrier, la division dans les rangs de l'ensemble virtuel semble bel et bien consommée. “Nous devions organiser un sommet au mois de juin. Mais, les différentes parties ne se sont pas mises d'accord autour d'une date. L'été n'est pas une période propice. En septembre, il y aura une session extraordinaire de l'assemblée générale et celle des Nations unies et le sommet du millénaire”, a justifié l'ex-chef de la diplomatie. Si le chemin vers l'édification d'un espace commun maghrébin est tortueux, outre-mer, la mise en place d'un partenariat d'exception tant clamé avec l'Hexagone ne l'est pas moins. La dernière brouille avec Paris remonte à février dernier suite à l'adoption par le parlement français de la fameuse loi sur le rôle positif de la colonisation en Afrique du Nord. “Nous ne voulons en aucun cas qu'on nous parle du rôle positif de la colonisation”, s'est élevé le SG du FLN. Rappelant les réactions très vives suscitées par ce texte auprès de la société civile, la classe politique et les officiels algériens, il soutient avec virulence que “la falsification de l'histoire ne peut pas être cautionnée par l'Algérie”. Toutefois, selon lui, la démarche des parlementaires français “ne peut pas porter atteinte aux relations entre les peuples des deux pays”. “Si le peuple français se démarque de cette vision coloniale, nous ne pouvons que construire des relations profitables”, a commenté le ministre, se félicitant à l'occasion du rejet de la loi du 23 février par les partis socialiste et communiste. “Tant mieux”, a-t-il asséné. Contrarié, mais pas au bout de la rupture, l'état algérien n'entend guère compromettre ses relations avec l'Hexagone. Confirmant la signature du traité d'amitié à l'automne 2006, M. Belkhadem a annoncé la venue “très probable” de M. Douste-Blazy dans notre pays afin de préparer cet événement. Alors que ce dernier était, hier, à Rabat, Alger recevait le ministre tunisien des affaires étrangères, venu prendre part à la quatrième réunion du mécanisme de concertation algéro-tunisien. Qualifiant les relations entre les deux voisins “d'honnêtes, limpides et se distinguant par une volonté réelle de hisser le partenariat à un niveau d'exception”, M. Belkhadem a donné un bref aperçu des volets de la coopération bilatérale, élargie au chapitre sécuritaire. Samia Lokmane