Le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, arrivera dimanche prochain à Alger. En visite pour la première fois en Algérie, M. Douste-Blazy restera deux jours, durant lesquels il tentera, avec son homologue algérien, Mohamed Bedjaoui, de dissiper les « malentendus » altérant un tant soi peu les relations bilatérales. Dans un entretien accordé, hier, à l'Agence officielle APS, le chef de la diplomatie française a souligné l'importance de développer les relations « exceptionnelles » liant les deux pays. Le principal objectif de cette visite est de donner un coup de fouet au processus de signature du traité d'amitié, censé sceller définitivement les relations algéro-françaises. C'est une occasion de « faire progresser le partenariat d'exception mis en œuvre entre nos deux pays depuis la signature de la Déclaration d'Alger par le président Bouteflika et le président Chirac en mars 2003 », dira-t-il, tout en affirmant que « l'Algérie est présente dans le cœur de la France, comme la France dans le cœur de l'Algérie ». « Il nous faut, précise-t-il, assumer ces réalités qui font de notre relation une amitié à part. » M. Douste-Blazy, qui fait partie du lobby qui était à l'origine de la loi du 23 février, estime que son déplacement en Algérie est déjà en soi « un message fort » et démontre que « les relations entre les deux pays sont primordiales pour les deux partenaires ». Il trouve que « les orientations fondamentales de notre partenariat sont bien tracées » depuis la signature de la Déclaration d'Alger, en mars 2003. Mais depuis, les choses ont peu évolué. Ainsi, il admet qu'il est difficile « d'avancer sur tous les sujets au même rythme », même s'il y a la volonté de faire avancer les choses. Mais il explique qu'il y a un travail qui se fait en amont. « Les contacts ministériels ou entre hauts fonctionnaires se sont maintenus à un rythme élevé et ont permis d'avancer sur un grand nombre de sujets », défend-il. Pour étayer ses propos, M. Douste-Blazy a évoqué le défilé de délégations ministérielles des deux pays dans les deux sens depuis la première visite du président Bouteflika en France, qui remonte à 2001. « Pas moins de dix ministres se sont rendus dans les deux pays », précise-t-il. Tout en exprimant son « souhait » de renforcer les relations entre les deux sociétés, le ministre insistera sur la nécessité de rénover le cadre de cette coopération de telle sorte à l'adapter aux ambitions des deux nations. Considérant qu'entre l'Algérie et la France il y a un « traité d'union naturel » du fait que des milliers de Français sont d'origine algérienne, M. Douste-Blazy s'est félicité du dénouement de la situation née de l'adoption du Parlement français de la loi du 23 février. Pour lui, cette loi a « pu susciter de l'incompréhension de part et d'autre ». Mais il se dit convaincu que l'affaire « est à présent derrière nous », rappelant à cet effet « la sagesse » du président Chirac qui a mis fin « à ces malentendus en abrogeant les dispositions controversées de la loi ». Aussi, dira-t-il, les deux pays sont « suffisamment proches » pour pouvoir surmonter de tels « incompréhensions ». Abordant la question de la libre circulation des personnes qui est, de surcroît, intimement liée à la signature du traité d'amitié, le chef de la diplomatie française reconnaît que « la situation est encore loin de nos espérances ». Selon lui, les délais de délivrance de visas demeurent « trop longs » et les conditions d'accueil qui sont « insatisfaisantes ». Cependant, le ministre fait part de la ferme décision du gouvernement de faire avancer les choses de façon à répondre aux « préoccupations légitimes » des Algériens d'un service de qualité. Evoquant le conflit du Sahara-Occidental, M. Douste-Blazy dit qu' « il regrette profondément (...) l'impasse, que le Conseil de sécurité a, lui-même, constaté, dans laquelle se trouve le processus politique ». La France, selon lui, encourage le nouvel envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara-Occidental, M. Van Walsum, à « poursuivre sa mission et ses contacts ». Pour rappel, il y a quelques semaines, on parlait de M.Douste-Blazy comme « indésirable » à Alger. Car, l'Algérie a mis du temps pour donner son feu vert.