Gordon Brown, le ministre britannique des finances, demande à l'Union européenne et aux organismes bancaires mondiaux de faire de la lutte contre le financement du terrorisme une de leurs priorités absolues. Touché de plein fouet par les attentats terroristes, la Grande-Bretagne s'attelle désormais à participer activement à la lutte antiterroriste. Le gouvernement de Tony Blair entend sensibiliser l'Union européenne quant à l'importance de l'opération de s'attaquer aux différentes sources du terrorisme. “Il ne doit pas y avoir de paradis sûr pour ceux qui financent le terrorisme”, a déclaré M. Brown à l'issue d'une réunion des ministres de Finances de l'UE à Bruxelles mardi passé. Tout en prenant le soin d'éviter de citer des pays, l'argentier britannique a ajouté : “Les ministres des Finances doivent poursuivre leurs discussions politiques et techniques avec les pays tiers qui n'ont pas encore mis en place des systèmes sophistiqués, pour les aider à jouer leur rôle dans la lutte contre le financement du terrorisme.” À Bruxelles, ce n'était qu'une première alerte, parce que le ministre britannique des finances est déterminé à revenir à la charge en septembre prochain, à l'occasion d'une réunion informelle de ses pairs européens à Manchester, en Grande-Bretagne. Gordon Brown ne compte pas recourir uniquement à l'Union européenne. Il envisage de saisir également la Banque mondiale et de Fonds monétaire international (FMI) à l'occasion des assemblées générales de ces deux organismes financiers programmées durant le même mois de septembre. Il y a lieu de rappeler que les ministres européens des finances ont adopté deux mesures importantes dans le but de rendre la lutte contre le financement du terrorisme plus concrète. Ainsi, ils ont modernisé des textes en vigueur sur la lutte contre le blanchiment de capitaux afin de s'aligner sur les recommandations du Groupe d'action financière (Gafi), qui demeure une référence mondiale en la matière. Il a été également décidé de rendre obligatoire la déclaration des mouvements d'argent liquide entrant ou sortant de l'UE, au-delà d'un seuil de 10 000 euros. La Grande-Bretagne entend donc mettre à profit la période durant laquelle Tony Blair présidera l'Union européenne pour donner un nouvel essor à la lutte antiterroriste en général et contre le financement du terrorisme en particulier. Dans ce cadre, les ministres de l'Intérieur de l'UE se sont réunis hier après-midi pour faire le point sur le plan d'action antiterroriste décidé l'année dernière après les attentats de Madrid de mars 2004. Londres devait saisir l'occasion pour souligner l'urgence d'adopter certains textes sur la table, comme celui harmonisant dans l'UE la durée de rétention des données téléphoniques et électroniques par les opérateurs. Complaisant à l'égard des terroristes pendant les longues années où ils s'attaquaient à des pays tiers, les Américains et les Européens prennent maintenant à leur compte la lutte contre ce fléau dévastateur, car ils en sont devenus les cibles. K. ABDELKAMEL