Le président français François Hollande a exclu hier la moindre "concession" à la Turquie sur les droits de l'Homme ou les visas de séjour de ses ressortissants dans l'Union européenne en échange de garanties sur le contrôle des flux migratoires et des réfugiés. "Il ne doit y avoir aucune concession en matière de droits de l'Homme ou de critères de libéralisation des visas", a-t-il déclaré à la presse, avant la reprise les 17 et 18 mars à Bruxelles de difficiles négociations au sommet entre Ankara et les 28 pays de l'UE. Le projet d'accord UE-Turquie sur les migrants, ébauché lors d'un premier sommet le 7 mars, suscite des questions sur sa compatibilité avec les droits de l'Homme. L'ONU a jugé jeudi "illégales" les expulsions collectives envisagées, et plusieurs pays des 28 Etats membres de l'UE se sont inquiétés de possibles compromissions avec le régime islamo-conservateur d'Ankara. Le projet inquiète aussi l'opposition turque. Censé apporter une réponse à l'afflux chaotique de réfugiés vers l'Europe, le plan prévoit la réadmission en Turquie de tous les migrants arrivés clandestinement en Grèce, y compris les demandeurs d'asile syriens fuyant la guerre dans leur pays. En échange, les Européens s'engageraient, pour chaque Syrien renvoyé en Turquie, à accepter un demandeur d'asile sur leur territoire. La Turquie exige par ailleurs le doublement de 3 à 6 milliards d'euros de l'aide proposée par l'UE pour l'accueil des Syriens fuyant la guerre. Ankara a enfin demandé une exemption de visas dès la fin juin pour ses ressortissants désirant voyager dans l'UE et l'ouverture rapide de cinq nouveaux chapitres sur son adhésion à l'Union, dont les lentes et chaotiques négociations ont débuté en 2005. R. I./Agences