L'ancien chef de gouvernement estime que toute autre proposition que celle qui consiste en le démantèlement du système en place n'est que poudre aux yeux. Sévère réquisitoire que celui dressé, hier, à l'occasion d'une rencontre régionale avec ses militants à Biskra, par le chef de Talaie El-Hourriyet, Ali Benflis contre le pouvoir auquel il impute quasiment tous les maux affectant, politiquement, économiquement et socialement le pays. Dans un discours prononcé à cette occasion, l'ancien chef de gouvernement n'a pas pris de gants pour énumérer ses accusations contre le régime en place. Pour lui, aujourd'hui, le pays vit "une crise de régime sans précédent". Et pour cause, juge-t-il, le pays est gouverné par "un système politique arrivé en bout de parcours ; un système qui n'est plus de son temps ; un système qui est devenu une étrange singularité dans son environnement mondial ; un système dépassé par les profondes mutations que connaît notre société ; un système qui ne correspond plus aux attentes et aux besoins de nos concitoyennes et de nos concitoyens ; un système devenu incapable de prendre en charge et de régler les grands problèmes politiques, économiques et sociaux du pays ; un système politique qui condamne notre pays à l'immobilisme et à la stagnation". Pour Ali Benflis, il est juste de parler de crise de régime dès lors, regrette-t-il, que "les institutions du pays sont illégitimes ou que ces institutions ne fonctionnent plus ou que la Constitution est ineffective dans l'assurance du fonctionnement normal de ces mêmes institutions". La charge de celui qui milite pour la "modernisation de notre système politique", s'adresse particulièrement au président Abdelaziz Bouteflika qu'il accuse d'être à l'origine d'une "vacance du pouvoir" qui a donné lieu à l'émergence "des forces extra-constitutionnelles ayant pris en main les destinées du pays". Sa flèche est décochée à l'adresse des "groupes d'influence, d'intérêts et de pressions", qu'il ne cite pas pour autant. Ces groupes qui, selon lui, "se sont emparés du centre de la décision nationale avec leurs ambitions et leurs visées particulières qui n'ont absolument aucun lien avec l'intérêt général et l'intérêt national". Dans son appel à la modernisation du système politique, l'ancien chef de gouvernement juge que le changement "ne saurait commencer que par le commencement qui consiste à mettre au cœur de ce système les citoyennes et les citoyens et le peuple lui-même et à en ôter le mythe de l'homme fort et de l'homme providentiel qui l'a perverti, a faussé sa dynamique et l'a fait dévier de ses objectifs". Ali Benflis signifie ainsi que toute autre proposition que celle qui consiste en le démantèlement du système en place n'est que poudre aux yeux. En ce sens qu'il ne veut pas croire à la nouvelle Constitution "imposée" par le pouvoir, encore moins à la capacité de "celui auquel échoit la responsabilité de sensibiliser les Algériennes et les Algériens aux enjeux de cette crise et de les mobiliser pour en relever tous les défis n'est pas à son poste". Car, pour Benflis, un pays ne peut être géré avec "la vacance du pouvoir et le vide au sommet de l'Etat". "Aucun peuple ne peut estimer vivre une situation normale sans un chef qui vient à sa rencontre, s'adresse à lui et le représente à l'intérieur comme à l'extérieur", a-t-il encore relevé. Farid Abdeladim