Ali Benflis regrette que le régime ne fasse de la cause de la femme qu'"un alibi et un moyen pour tenter, autant que faire se peut, d'enjoliver ses tristes performances en matière de droits et de libertés". Le chef du parti de Talaie El-Hourriyet, Ali Benflis, ne dissocie pas la situation des droits de l'Algérienne et des Algériens en général du système politique "fondé sur le déni de citoyenneté". "Notre système politique s'est construit sur la négation ou la restriction de ces droits et il ne peut miraculeusement en devenir le chantre, le promoteur ou le défenseur", a-t-il regretté dans son message adressé aux Algériennes à l'occasion de la Journée internationale de la femme. Pour Benflis, il serait vain de croire à la promotion des droits politiques et civiques de la femme, sans "la modernisation de notre système politique". Il en est de même pour ses droits économiques et sociaux lesquels, dit-il, ne peuvent être satisfaits que par la rénovation du système économique et par l'engagement de profondes réformes sociales. L'ancien chef de gouvernement, par deux fois candidat malheureux à la magistrature suprême, en 2004 et en 2014, se déclare plus que jamais convaincu qu'un système politique "autoritaire comme le nôtre ne peut être l'auteur de la promotion des droits politiques et civiques ou des droits économiques et sociaux, que leur titulaire soit un homme ou une femme". Il regrette que même lors des deux révisions constitutionnelles, opérées successivement en 2008 et en février dernier, le système incarné par Bouteflika n'aura fait de la cause de la femme qu'"un alibi et un moyen pour tenter, autant que faire se peut, d'enjoliver ses tristes performances en matière de droits et de libertés". Il rappelle, entre autres, que le prétendu souci de prendre en charge la cause de la femme, évoqué à l'occasion de la première révision, (2008), n'aura servi que de "couverture à l'instauration d'un pouvoir à vie par l'annulation de la limite des deux mandats présidentiels". Lors de la dernière révision constitutionnelle, ajoute-t-il, le pouvoir, le régime n'aura pas fait mieux en réitérant, relève-t-il encore, "le prétexte de la même cause des droits humains aux côtés d'autres prétextes tout aussi fallacieux pour détourner le regard des Algériennes et des Algériens des véritables problèmes du pays et poursuivre sa quête éperdue de pérennité et de survie". Benflis dénonce de ce fait que, chez le régime en place, "les droits de la femme ne relèvent pas de convictions politiques mais d'un opportunisme politique", et que la cause de la femme "n'est qu'un objet de décor dans l'espace de désolation que sont devenus les droits de l'Homme dans notre pays". En fin politique, l'ancien chef de gouvernement ne va pas sans rappeler la place importante qu'il réserve à la femme dans son programme politique. "Au sein de Talaie El-Hourriyet, nous aspirons à bâtir un parti moderne et ce parti moderne ne se bâtira pas sans la participation et la contribution de la femme algérienne", a-t-il promis. Farid Abdeladim