Les travaux du colloque international sur la confection des dictionnaires monolingues amazighs, qu'organise depuis samedi 12 mars dernier le Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), se sont poursuivis, hier, au campus d'Aboudaou de l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa. Au menu de ces deux premières journées, une série de conférences-débats animées par une brochette de chercheurs universitaires et de spécialistes en linguistique venus des quatre coins du pays, mais aussi du Maroc, de France, d'Italie, de Suisse, d'Allemagne... "Les travaux du colloque se déroulent dans de bonnes conditions. Il y a une coordination exemplaire entre les deux équipes, à savoir celle du HCA et celle de l'université de Béjaïa, qui veillent au bon déroulement du timing et la gestion des débats", nous a déclaré, hier, le secrétaire général du HCA, Si El-Hachemi Assad. Dans la matinée d'hier, c'est le chercheur marocain, Mustapha Seghir, du Centre de la recherche didactique et des programmes pédagogiques (CRDPP), qui ouvrira le bal des conférences, en abordant le thème "La définition lexicographique en amazigh : carence du métalangage et excès du néologisme". Pour l'orateur, dans un dictionnaire bilingue ou polylingue, la définition se fait par le biais d'une langue autre que celle de l'entrée, souvent sous forme d'équivalent. En revanche, la définition du dictionnaire monolingue se caractérise linguistiquement par le fait d'être "réflexive en ce sens que les mots employés dans l'énoncé lexicographique appartiennent à la même langue dont on confectionne le dictionnaire". De son côté, la professeure Noura Tigziri, directrice du laboratoire d'aménagement et d'enseignement de la langue amazighe (Laela) de Tizi Ouzou, expliquera que "la lexicologie est un axe important qui a tout notre intérêt. C'est pour cela que nous avons organisé ce colloque en vue de débattre des problèmes qui se dressent concernant l'élaboration de dictionnaires". L'oratrice, bien qu'elle ait reconnu que des travaux ont été déjà faits, estimera que "nous cherchons désormais la qualité. Car, nous devons doter tamazight de moyens, et c'est dans cette optique que s'inscrit l'élaboration de dictionnaires". Le premier responsable du HCA, dans une déclaration en aparté à Liberté, indiquera que le P-DG de l'Office des publications universitaires (OPU), Nordine Lacheheb, qui était l'un des invités à ce colloque, en sa qualité de partenaire, s'est engagé à s'investir avec le HCA dans le cadre de la coédition de travaux universitaires et autres manuels didactiques, notamment les dictionnaires, dont les actes de cette rencontre scientifique. Parallèlement à ce cycle de conférences, deux ateliers mis en place pour la circonstance au niveau du Centre de calcul d'Aboudaou regroupent, également, des chercheurs et des spécialistes dans les domaines y afférents. À noter que le premier atelier est dédié à "l'apport de l'informatique dans la confection des corpus", alors que le second se penchera sur "l'identification et l'organisation d'unités de recherches prioritaires pour tamazight dans le cadre du démarrage du Centre national de recherches en langue et culture amazighes de Béjaïa". Un centre qui, faut-il le rappeler, ouvrira ses portes lors de la prochaine rentrée universitaire (2016 - 2017), au niveau du campus d'Aboudaou de Béjaïa. Selon M. Assad, parmi les propositions du deuxième atelier, auquel il a participé personnellement, il y a justement la définition de la relation scientifique entre les trois institutions qui œuvreront à la promotion et au développement de la langue et culture amazighes, à savoir : le HCA, le Centre national de recherche de l'université de Béjaïa et, enfin, la future Académie de la langue amazighe qui verra le jour après la promulgation des lois organiques liées à la mise en œuvre des textes réglementaires de la nouvelle Constitution algérienne qui consacre tamazight comme langue nationale et officielle. Enfin, il y a lieu de signaler que la cérémonie de clôture de ce colloque, prévue pour cet après-midi, à partir de 16h, sera rehaussée par la présence du ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi, qui sera, aujourd'hui, l'hôte de l'ancienne capitale des Hammadites. Kamal Ouhnia