La confection d'un trésor de langue amazighe réunissant le vocabulaire au moyen d'enquêtes linguistiques dans les parlers amazighs. Un trésor qui servira de réservoir à la confection de dictionnaires dialectaux, interdialectaux et d'amazigh commun. Ce sont là les principales recommandations du colloque international sur la "confection des dictionnaires monolingues amazighs" organisé du 12 au 14 mars à Béjaïa. Les spécialistes en linguistique et autres chercheurs ayant pris part à cette rencontre ont préconisé "la confection de terminologies scientifiques et techniques communes à tous les dialectes amazighs et dans différents domaines dans la perspective d'une évolution convergente" ainsi que "la confection d'un lexique fondamental destiné à l'usage scolaire suivi d'un glossaire arabe-amazigh pour les apprenants arabophones". Concernant l'aspect méthodologique, il a été décidé que "le travail de lexicographie doit être accompagné d'un travail intense d'aménagement linguistique en priorisant la formation de termes génériques", insistant sur le fait qu'"il est indispensable que ces termes soient accessibles au grand public et, à cet effet, favoriser l'emprunt interdialectal et la création lexicale par extension de sens". Lors de son discours de clôture, le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a souligné que "l'importance d'une langue ne se mesure pas au nombre de personnes qui l'utilisent dans le monde, mais plutôt en fonction de la place qu'elle occupe dans les nouvelles technologies de l'information et de la communication (Ntic), notamment dans le réseau Internet" et que "tamazight demeure une langue vivante depuis plus de 2 000 ans, étant donné qu'elle est fortement présente sur la Toile. En plus, elle a su résister à toutes les invasions à travers l'histoire". Pour M. Mihoubi, le recours à l'emprunt lexical et au néologisme, à l'effet de combler les lacunes linguistiques, ne peut constituer une gêne pour les spécialistes en la matière. De ce fait, il ne faut pas donc en avoir honte. Par ailleurs, le ministre de la Culture qualifiera la décision de création prochaine d'un Centre national de recherche en langue et culture amazighes (CNRLCA) et d'une Académie berbère d'acte de "renaissance de tamazight". De leur côté, le wali de Béjaïa et le recteur de l'université Abderrahmane-Mira se sont relayés à la tribune pour souligner l'importance de ce colloque d'envergure internationale qu'ils qualifient de "tournant décisif pour l'avenir de la langue amazighe". Selon eux, l'ouverture prochaine du CNRLCA à Béjaïa ne manquera certainement pas de "répondre aux attentes de notre pays à travers une approche pragmatique et scientifique du développement et de la généralisation de l'enseignement de la langue amazighe". "La consécration de tamazight comme langue nationale et officielle, ainsi que l'engagement solennel de l'Etat algérien à sa promotion et son développement ne fera que renforcer également la cohésion nationale", a estimé Ould Salah Zitouni. Enfin, il faut rappeler que les travaux de ce colloque se sont déclinés en une série de communications (35 environ), ponctuées de deux ateliers dont les membres participants se sont penchés sur deux grands thèmes propres au développement lexicographique de tamazight, à savoir "l'apport de l'informatique dans la confection des corpus" et "l'identification et l'organisation d'unités de recherches prioritaires pour tamazight dans le cadre du démarrage du Centre national de recherches en langue et culture amazighes de Béjaïa". Quant à la problématique liée à l'élaboration de dictionnaires monolingues amazighs, les travaux de réflexion engagés se sont articulés sur huit axes, à savoir : "Histoire de la lexicographie", "Unité de traitement lexicographique", "Classement des entrées", "Définition lexicographique", "Illustration par l'exemple", "Analyse et/ou critique des dictionnaires existants", "Les dictionnaires et l'informatisation" et enfin "Les projets de réalisation de dictionnaires". KAMAL OUHNIA