Crainte et redoutée, pour reprendre les mots de l'ambassadeur de France en Algérie, Bernard Emié, la Cour des comptes, effacée depuis de longues années en Algérie et dont le rôle fut à un moment donné sujet à controverse, est en quête d'un renforcement de ses capacités institutionnelles pour un contrôle plus efficient des fonds publics et, par ricochet, de contribuer au développement d'une meilleure gouvernance. C'est essentiellement dans cette perspective qu'il faut inscrire le projet de jumelage qui vient d'être lancé entre la Cour des comptes algérienne et un consortium France-Portugal. Intitulé "Renforcement des capacités institutionnelles de la Cour des comptes en matière de contrôle juridictionnel, d'exécution de la loi de finances et de la qualité de la gestion", ce jumelage, dont la cérémonie de lancement a eu lieu hier à Alger en présence du ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, de l'ambassadeur de France en Algérie, Bernard Emié, du président de la Cour des comptes algérienne, Abdelkader Benmarouf, du premier président de la Cour des comptes française, Didier Migaud, du directeur général du tribunal de Contas du Portugal, José Tavares, du directeur de l'unité de gestion du programme d'appui à la mise en œuvre de l'accord d'association (UGP3A), Djilali Lebibat, et d'un représentant de l'UE en Algérie, s'inscrit dans le cadre du programme d'appui à la gouvernance économique et politique de l'Algérie appelé "Spring". Financé à hauteur de 1,7 million d'euros par l'UE, ce jumelage "permettre d'aborder l'étude des meilleurs pratiques franco-portugaises susceptibles d'être adaptées au contexte algérien". Il ambitionne aussi de renforcer le système national de contrôle des finances publiques et de contribuer au développement de la bonne gouvernance et à l'amélioration de la qualité des politiques publiques, selon Abdelkader Benmarouf. Etalé sur 24 mois, mobilisant 82 experts européens, ce jumelage permettra à terme de "doter la Cour des comptes en moyens indispensables à la mise en conformité de son fonctionnement et ses activités aux normes universelles", de rendre plus efficient le réaménagement de la fonction juridictionnelle, de rédiger le rapport de l'avant-projet de loi de règlement budgétaire et enfin le développement du contrôle de la qualité et de la performance. Par ailleurs, interrogé par la presse sur le rapport annuel, le président de la Cour des comptes a indiqué "qu'il est en phase d'élaboration". Mais il s'est refusé à commenter les affaires Sonatrach, encore moins à évoquer quelques "défaillances" éventuellement constatées dans la gestion de certains secteurs. "Ce n'est pas l'ordre du jour de la rencontre d'aujourd'hui". Quant à l'enquête sur "Tlemcen, capitale de la culture islamique", il a affirmé qu'elle est toujours en cours. K. K.