Pour Ali Hocine, secrétaire général par intérim, ce changement tactique est le fruit du reflux de la mouvance islamiste. Dans un message envoyé, jeudi, aux militants et cadres de son parti, qui tenaient le même jour leur précongrès au CIP à Alger, El-Hachemi Chérif leur a vivement recommandé une participation aux prochaines compétitions électorales. “Il faut nous préparer à participer aux futures élections avec comme philosophie la poursuite de la conquête difficile de la société et un début d'investissement des institutions de la République (…), mettre discrètement en place des commissions électorales à tous les niveaux, préparer des candidats et des listes et affirmer solennellement dans quelles conditions et avec quel programme, quels critères et objectifs le MDS assume leur investiture”. Changement de cap majeur chez un parti qui, depuis 1990, a toujours tourné le dos à toutes sortes de compétitions électorales. Pourquoi alors ce remodelage ? Pour Ali Hocine, secrétaire général par intérim, ce changement tactique est le fruit du reflux de la mouvance islamiste. Prudent, il conditionne son engagement par la réunion des conditions d'une compétition loyale ainsi que par la présence d'une volonté politique. Sur cette perspective d'alliance, il considère que le critère essentiel qui en présidera sera les options économiques des uns et des autres. “Nous sommes contre le néolibéralisme. Objectivement, la possibilité de contracter une alliance ne se présente qu'avec le FFS.” Le MDS espère se mettre à niveau par une redéfinition de sa ligne stratégique qui “a besoin d'être actualisée et de plus en plus affinée”, estime El-Hachemi Chérif. De son point de vue, le 3e congrès du parti, qui se tiendra les 22 et 23 décembre prochain, est le moment opportun pour le faire. “Il est toujours utile d'interroger notre ligne sur sa justesse ou non et sur la justesse de toute notre praxis”, relève-t-il encore. Sur un autre registre, El-Hachemi Chérif a sévèrement critiqué Abdelaziz Bouteflika qui, à ses yeux, laisse s'aggraver la crise. “L'Algérie a besoin d'unité, de cohésion nationale et sociale, Bouteflika lui impose la division. Elle a besoin de clarté et de cohésion politique, il impose l'opacité et la confusion”, affirme-t-il. La démarche réconciliatrice de Bouteflika n'a pas été en reste. “La ligne présidentielle depuis sa première élection reste la même sur le fond et s'aggrave plutôt avec les offres entêtées aux islamistes par le moyen de l'amnistie et de la réconciliation, et dont il faut bien considérer qu'elles constituent le noyau dur et la pierre angulaire de ses orientations”, fera-t-il remarquer. “On ne peut mettre sur un pied d'égalité les criminels fascistes organisés, le peuple pacifique et les démocrates qui n'ont fait que subir et résister. On ne peut clore ce dossier par une telle logique, mais par une condamnation claire, sans équivoque des crimes islamistes”, s'élève-t-il encore. Tout en constatant le déclin de la mouvance islamiste, il ne prévient pas moins que “la question de l'amnistie et de la réconciliation nationale peut servir encore de marchepied à l'islamisme”. Son appréciation de la situation socioéconomique du pays est empreinte du même pessimisme. “En dépit des rentrées financières copieuses, ce système est incapable de résoudre les problèmes majeurs actuels, à plus forte raison réaliser des accumulations”, constate-t-il. Donc El-Hachemi Chérif pense que “l'Algérie va droit au mur, c'est-à-dire vers le chaos”. La solution ? “Changer le système en son socle”, prescrit-il. Pour revenir au précongrès de jeudi qui a vu la participation de 150 militants et cadres venus d'une vingtaine de wilayas, deux avant-projets de résolution politico-idéologique et programmatique sont soumis à débat. ARAB CHIH