Lors de la conférence de presse inaugurale du Festival de Locarno, qui a eu lieu à Berne le 12 juillet dernier, le cinéma maghrébin dans sa section Open Doors (portes ouvertes) et Orson Welles seront à l'honneur du 3 au 13 août prochain. “Open Doors” est un projet triennal, créé en 2003, en faveur des industries cinématographiques en difficulté, et soutenu par la Direction du développement et de la coopération (DDC), dépendant du département des Affaires étrangères suisse, pour accueillir, alternativement, les cinématographies d'un pays ou d'une région. Il ne s'agit donc pas d'une véritable consécration. Il s'agit plutôt d'une vitrine pour faire connaître les cinématographies invitées, en les confrontant, à travers des rencontres, avec celles du Nord. Après donc Cuba en 2003, le Delta du Mékong, l'an passé, c'est au tour du Maghreb, représenté par 3 pays (Algérie, Tunisie et Maroc), de garnir les vitrines, de séduire les festivaliers locarnais et surtout de profiter de cette occasion. Par ailleurs, le point d'orgue de la manifestation, coup de cœur de la directrice sortante, a été dévoilé avec enthousiasme. Il s'agit de la rétrospective complète dédiée à l'Américain Orson Welles. “C'est notre Himalaya”, déclarait Irene Bignardi. En effet, la métaphore n'est pas déplacée surtout quand on sait qu'il s'agit de l'intégrale des réalisations de légende. À côté des 12 films achevés, dont l'incontournable Citizen Kane, figureront quelques-uns de ses documentaires et des films qui lui sont dédiés. Ne voulant rien oublier, les organisateurs ont aligné plusieurs longs-métrages parmi la centaine dans laquelle il a tenu des rôles. Décidément, Locarno a misé sur la carte des grands. En plus de Welles, plusieurs auteurs y seront à l'honneur. Pendant que Abbas Kiarostami présentera son dernier film Don't Come Knocking, Terry Gilliam et Wim Wenders recevront chacun un Léopard d'honneur, Coppola verra son film One from the Heart (1982) présenté et Robert Altman assurera la clôture avec Nashville (1975). On n'oublie pas non plus Vittorio Storaro, chef-opérateur de réputation mondiale, qui siégera au jury. Enfin, côté acteur, John Malkovich viendra présenter Being John Malkovich (1999) de Spike Jonze. Pour finir, la compétition internationale, cette année, a été moins considérée. Ce qui est rare. Probablement, on doit cela à Bignardi qui a voulu crier, à la fin de son mandat, depuis son pique vertigineux Himalaya, son audace. Pour l'instant, seul seize films ont été annoncés. Cette programmation sera probablement noyée dans la profusion des sections, dans la magie du cinéma sous les étoiles, sur l'emblématique Piazza Grande, et surtout dans le fascinant univers de Welles. Vraisemblablement, cette année, les Léopards seront moins traqués, ils n'auront pas besoin de sortir leurs griffes. T. H.