Sur place, c'est la consternation. "Des mains criminelles ont profité d'une nuit noire de brouillard pour entamer ce que nous qualifions d'une vile et basse besogne." De la dizaine d'arbres qui enjolivaient la RN 36 de Ben Aknoun, il n'en reste qu'un eucalyptus qui a échappé par miracle à la tronçonneuse, a-t-on constaté lundi 4 avril ! D'ailleurs, ce "rescapé" ne doit la vie qu'à la palissade du chantier, qui l'a dissimulé à la "hache du bûcheron". Pour le reste, des troncs d'arbres et des piles de rondins gisent ainsi tout le long du trottoir attenant à la façade du siège d'Afripol et à la station de transport urbain des Frères-Ferrat à Ben Aknoun. "Deux nuits ont suffi pour dépouiller la RN 36 de ses arbres, plantés là en 1840", a-t-on appris de la vox populi qui avait enflammé le réseau social Facebook. Sur place, c'est la consternation et les avis fusent de toutes parts : "Des mains criminelles ont profité d'une nuit noire de brouillard pour entamer ce que nous qualifions d'une vile et basse besogne", disent les uns ; "acte criminel !", rétorquent les autres ; "n'est pas coupeur d'arbre qui veut", s'écrit ce riverain très au fait de l'actualité municipale. "C'est une atteinte à Dame nature et à l'environnement ! L'acte est voulu, au motif que l'abattage d'un arbre sur la voie publique doit satisfaire au préalable à l'approbation des services de la conservation des forêts territorialement compétente et à l'aval de la municipalité de Ben Aknoun. Donc, s'il y a une preuve d'un acte volontaire du beylik, celle-ci est étayée par l'option de l'activité nocturne, où le trafic est moindre", ajoute-t-il. Et depuis ce massacre à la tronçonneuse, l'air n'arrive plus dit-on aux malades de l'avoisinant hôpital sis au lieudit Hay El-Hawdine ou les Deux-Bassins de Ben Aknoun. Contacté à ce sujet, Bouaraba Kamel, le maire de Ben Aknoun, a déclaré : "L'abattage des arbres a été décidé par les services techniques de la wilaya d'Alger et obéit à l'optique d'élargir la RN36 jusqu'à l'estuaire du lieudit Hay El-Hawdine ou les Deux-Bassins de Ben Aknoun. Du reste, le choix d'arracher de terre ces eucalyptus adhère aux travaux préliminaires de l'aménagement et à l'élargissement en double voie du boulevard 11-Décembre-1960 d'El-Biar qui prend naissance de la faculté de médecine de Ben Aknoun, avec un prolongement vers le Val d'Hydra, assaini depuis peu de ses baraquements. D'autre part, l'eucalyptus n'est pas un arbre d'ornement urbain, du fait que l'an dernier, ses racines tentaculaires ont engendré moult dégâts sur les équipements électriques en sous-sol, d'où la nécessité de remplacer l'eucalyptus par le ficus, à l'issue de la réception des travaux de modernisation de ce tronçon de route." Tout bien considéré, l'avis de notre confrère Rachid Lourdjane sur la toile vient en appui pour lever toute confusion sur le sujet : "L'eucalyptus est un arbre à proscrire dans un environnement marqué par un déficit hydraulique. Cette espèce importée d'Australie pour assécher la Mitidja est particulièrement hydrophile avec une consommation quotidienne de 300 l d'eau. En plus, l'eucalyptus n'abrite aucun nid d'oiseau et ne supporte aucune présence d'espèce végétale différente. Vous ne verrez jamais un oiseau se poser sur une branche d'eucalyptus. À ce tire, il mérite son sort, pour peu qu'il soit remplacé par une espèce d'ornement local, tel que l'olivier et le caroubier." Pendant ce temps, les "écolos" arguent vaille que vaille qu'"au lieu d'abattre ces arbres, le mieux aurait été de les ensemencer au parc Dounia, étant donné que la faisabilité de la chose a été reconnue lorsqu'il a fallu assurer la transplantation des 488 ficus adultes de l'avenue de Tripoli de Hussein Dey pour les planter sur le tronçon de Dar El-Beïda vers Ben Aknoun, contigu à Garidi. De ce fait, la pose des rails du tramway d'Alger s'était effectuée sans casse. D'ailleurs, on s'en souvient que cela n'avait pas pour autant apaisé la colère des riverains, notamment les commerçants qui pleuraient le déracinement d'arbres qui enjolivaient la promenade de Hussein Dey". Quoi qu'il en fût, ç'aurait été un moindre mal pour l'environnement, s'il y avait eu réellement une volonté d'associer d'abord nos paysagistes aux côtés des blouses blanches de l'Institut national d'agronomie, dont la notoriété et le savoir-faire ont franchi toutes les bandes vertes d'ici et d'ailleurs. Alors, qu'importent les larmes et les regrets, du fait que la population de Ben Aknoun a été mise devant le fait accompli. Louhal N.