Résumé : Ghania venait d'être opérée. Le chirurgien rassure Amar : sa fille est hors de danger. Mais Houria est inquiète. Elle a peur de la perdre. Son mari lui rappelle la tragédie de Melaaz et son comportement de la veille envers Meriem. Amar secoue la tête : -Houria, je ne te comprendrai jamais. Tu es une femme égoïste et arrogante à souhait. Hier encore, tu accusais Meriem de tous les maux. Et tu vois bien qu'elle n'y était pour rien dans ce qui arrivait à sa jeune sœur. Mais maintenant, tu verses des larmes en te rappelant un mauvais souvenir. À te voir, on te donnerait le bon Dieu sans confession. -Arrête donc de me sermonner de la sorte. Je suis une mère, et j'ai un instinct maternel. Je ne sais pas si tu sais ce que c'est. -J'en ai entendu parler, répondit Amar, avec une lueur de colère dans les yeux. Si tu possèdes réellement cet instinct, pourquoi n'as-tu pas écouté le pédiatre qui t'avait recommandé de conduire directement Melaaz à l'hôpital ? Peut-être qu'on aurait pu la sauver. -C'est la volonté de Dieu, Amar. On n'y pouvait rien. -Oui, c'est la volonté de Dieu. Cache-toi derrière cet argument pour te disculper. Ghania est réanimée. On la ramène dans sa chambre, et elle ébauche un sourire à la vue de ses parents. Elle était aussi pâle que le drap qui la couvrait. Amar s'agenouille devant son lit : -Ghania n'aie pas peur. Je suis là. Encore faible pour répondre, la petite hoche doucement sa tête. Elle devait avoir mal, car ne pouvant pleurer, elle grimaçait et tentait de soulever son petit bras qu'on avait mobilisé pour la perfuser. Houria s'approche de son mari et demande d'une voix inquiète : -Tu crois qu'elle s'en sortira ? -Je ne suis pas médecin, Houria. -Amar, s'il te plaît, rassure-moi. Elle est si pâle que je vois déjà l'ombre de la mort sur elle. -Oiseau de mauvais augure, tais-toi ! Ghania vient de quitter le bloc opératoire, il est tout à fait normal qu'elle soit pâle. Houria tire une chaise pour s'asseoir en face de sa fille. Amar sortit pour se faire servir l'ordonnance que le médecin venait de prescrire. Il traverse la route et se dirige vers une pharmacie. Un moment plus tard, il était de retour. Mais il ne trouve pas Ghania dans sa chambre. Houria sanglotait dans un coin, et à sa vue, elle se met à hurler : -On vient de l'emmener au bloc. Elle faisait une hémorragie. Je t'avais dit qu'elle était trop pâle. Ama dépose le paquet de médicaments et court vers le bloc. Un infirmier le hèle : - Hé ! Vous n'avez pas le droit d'entrer au bloc. -Je veux voir ma fille. On l'a opérée ce matin et... -Patience, mon brave monsieur, vous aurez des nouvelles de votre fille dès qu'un des chirurgiens sortira du bloc. Amar, plus mort que vif, se laisse tomber sur une chaise. Une désagréable sueur inonde son corps. Il sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine et son souffle devenir court. Sa fille se mourrait et il ne pouvait rien faire. Une demi-heure passe. Un chirurgien sort du bloc en jetant sa calotte dans un coin. À la vue de Amar, il s'arrête : -Vous êtes le père de la fille ? -Oui. Comment va-t-elle ? Le chirurgien détourne les yeux et se met à enlever ses gants : -Vous devriez vous armer de beaucoup de courage mon bon monsieur. Nous avons fait ce qui était en notre pouvoir pour la sauver. Hélas ! Une veine avait éclaté et a provoqué une hémorragie interne que nous n'avons pas pu juguler à temps. Je n'ai plus qu'à vous présenter mes condoléances les plus attristées. Amar croyait rêver en entendant les mots du médecin. Il faisait sûrement un cauchemar, se dit-il. Non. Ce n'est pas vrai, Ghania n'était pas partie joindre Melaaz. Non ! Ce devait être une erreur ! (À suivre) Y. H.