Comment l'Algérie va-t-elle gérer les données à l'ère de la numérisation des passeports, de la carte nationale, de la carte Chifa, du permis de conduire, du e-commerce et du e-gouvernement ? Le Cloud est-il une révolution technologique ou économique ? Est-il là pour durer et va-t-il être essentiel au développement de notre économie numérique ? Ce sont là les principaux axes qui ont fait débat, hier, lors des matinales du Care (le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise) animées par Ahmed Lahri à l'hôtel Hilton. Ayant pour thème "Le Cloud : une révolution technologique ou économique", la présentation développée par Zine Seghier, DG d'Issal et membre du Care, a englobé la pertinence d'utiliser le Cloud notamment par les entreprises. Il soutiendra, en outre, que "le déclenchement d'une révolution numérique doit nécessairement passer par l'éducation dès le jeune âge" en appelant "à apprendre à nos enfants à parler aux machines comme on leur apprend n'importe quelle autre langue". Mais la principale préoccupation qui se maintient aujourd'hui réside dans cette lenteur qui caractérise nos entreprises. Il est reconnu à ce titre que le monde professionnel est en retard tout en expliquant que "l'utilisation du Cloud est paradoxalement naturelle et quotidienne dans nos vies privées. Le Cloud, sans que nous le sachions, est présent à travers les réseaux sociaux, le streaming, le stockage de nos photos, nos emails, nos smartphones. Toutes nos données y sont stockées, c'est notre mégamémoire". Il se trouve que c'est justement tout ça à la fois qui effraie et qui freine l'essor du Cloud dans le pays, à plus forte raison qu'en Algérie, il n'existe aucune législation claire et précise à ce propos. Les spécialistes du domaine n'en démordent pas pour autant et insistent : "C'est l'un des aspects essentiels à la révolution numérique." Le Cloud computing est un modèle qui permet un accès omniprésent, pratique et à la demande à un réseau partagé et à un ensemble de ressources informatiques configurables (comme par exemple : des réseaux, des serveurs, du stockage, des applications et des services) qui peuvent être provisionnées et libérées avec un minimum d'administration. "Dans notre pays, nous parlons de TIC, de numérique, de m-payment, de formalisation de l'économie, de contenu local, etc. Rien de cela ne pourra se faire sans une vraie stratégie pour une économie numérique. Il n'y aura pas d'économie du futur si elle n'est pas numérique. Il n'y a pas d'économie numérique sans le Cloud", a souligné Zine Seghier interpellé par l'assistance sur de nombreuses questions. Il apparaît clairement que nous en sommes encore à nous demander où vont toutes les informations communiquées par les citoyens pour les besoins de la carte Chifa, le passeport, carte nationale, etc. ? Ce qui complique davantage les choses, c'est que les DSI, en Algérie, ne sont même pas tenus par des accords de confidentialité. Pis encore, les données sensibles sont certes hébergées en Algérie, mais sont confrontées à un problème de certification. En d'autres termes, cela peut signifier que la protection des données est loin d'être assujettie à un vide juridique. Nabila Saïdoun