Conséquence immédiate du désaccord : les prix du baril de pétrole ont déjà perdu près d'un dollar, hier, en réaction aux résultats de la rencontre de Doha. Le désaccord des pays Opep et non-Opep sur un gel de la production du pétrole est dû au refus de l'Iran de participer à la rencontre et donc de s'aligner sur un arrangement. Le baril de Brent de la mer du Nord était coté à 42 dollars. Cette tendance va se poursuivre au cours des prochains mois jusqu'à la prochaine réunion prévue en juin. Cette nouvelle chute du pétrole, qui devra se prolonger jusqu'à la fin 2016, si un consensus entre pays Opep et non-Opep n'est pas dégagé durant cette période, va compliquer la situation en Algérie avec une dégradation plus importante des comptes du pays au cours du second semestre 2016. Ces résultats financiers négatifs vont favoriser une dévaluation plus importante du dinar, une augmentation des prix des produits de large consommation. Fort heureusement, les réserves en devises disponibles permettront d'amortir le choc et d'atténuer les effets négatifs de la crise sur la population. Mais pas pour longtemps, si la baisse des prix du pétrole se poursuit. Cette tendance pourrait s'inverser. Plusieurs spécialistes pétroliers sont optimistes. Ils s'attendent à une remontée des prix du pétrole en 2017. Mohamed Terkmani, ancien directeur à Sonatrach et expert pétrolier, estime que la situation est intenable. "Les pays Opep et non-Opep sont condamnés à s'asseoir à la même table et à conclure un accord sur une baisse de la production. S'il n'y avait pas l'opposition de l'Iran, on serait parvenu à Doha à un accord sur le gel de la production", a-t-il soutenu. Pour le spécialiste, un accord sur une baisse de production des pays Opep et non-Opep prendra du temps pour se dessiner, en raison de divergences politiques et non économiques entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Cependant, selon lui, dans un an, un compromis pourrait être dégagé. Car l'Iran ne pourra tenir économiquement même en augmentant sa production avec cette baisse des prix du pétrole, ses besoins financiers étant importants en raison des répercussions de l'embargo qui a affecté ce pays. "Ce pays finira par céder. Il sera obligé de s'aligner sur la position des pays Opep et non-Opep." La Russie, elle, très affectée, semble prête à un accord avec l'Arabie saoudite pour un gel de la production puis une baisse de son niveau de production de pétrole. D'autres pays comme le Venezuela, l'Algérie, le Nigeria, très touchés par la crise, poussent à un tel arrangement. Mais une fois l'accord conclu, un gros problème risque de surgir. Une remontée des prix du pétrole entraînera un regain de la production de pétrole de schiste américain avec la réouverture des puits fermés qui risque d'annuler les retombées positives d'une baisse de production. Pour Mohamed Terkmani, dans ce scénario, les pays Opep et non-Opep devraient ensuite s'entendre avec les producteurs de schiste américain, sur un prix qui satisfait les trois parties : soit 80 dollars le baril. Quitte à se répéter, cette crise due à la baisse des prix du pétrole, est une belle opportunité pour se remettre en cause. "L'Algérie est le pays de l'Opep le plus dépendant des hydrocarbures", estime Mohamed Terkmani. Il est temps de lancer le chantier de la diversification économique, de réduire en un mot notre forte dépendance des fluctuations des prix du pétrole. "En 2030, nos réserves de pétrole et de gaz connaîtront une situation de tarissement. Nous serons plus en mesure d'exporter des hydrocarbures. Notre population atteindra le seuil de 50 millions d'habitants. Sans la réussite d'une politique cohérente de diversification économique mise en œuvre d'ici à là, l'Algérie court à la catastrophe", a-t-il averti. K. Remouche