Liberté : Que pensez-vous des déclarations du président vénézuélien selon lesquelles les pays Opep et non-Opep seraient proches d'un accord pour baisser la production en vue d'enrayer la baisse des prix du pétrole ? Francis Perrin : On sait que depuis quelque temps des discussions ont eu lieu entre les pays Opep et non-Opep en vue d'une baisse de la production. Pour l'instant, il est encore trop tôt pour parler d'un accord et d'une réunion extraordinaire de l'Opep ouverte aux pays non-Opep. Ce n'est pas encore clair. Si la réunion devait avoir lieu, au stade des discussions, on ne saurait pas encore si c'est une réunion d'experts sans pouvoir de décision, une réunion ministérielle ou un sommet de chefs d'Etat. Il y a une incertitude sur son issue : parviendra-t-on à un consensus sur une baisse de la production ? Si le Venezuela conduit l'initiative, c'est qu'elle est la plus affectée économiquement par la chute des prix du pétrole. Quant à la Russie, le ministre russe du Pétrole n'exclut pas une baisse de la production russe de brut. Mais il n'a pas affiché clairement la volonté de la Russie de baisser sa production. La baisse de production évoquée est de 5%. Ce niveau est susceptible d'influer sur les cours du brut et donc de faire remonter les prix du pétrole. L'Arabie saoudite, le membre le plus influent de l'Opep, va t-elle infléchir sa politique actuelle de défense de ses parts de marché, en un mot, son refus de baisser son volume de production ? La position de l'Arabie saoudite est claire. Elle l'a affiché : pourquoi l'Opep, dont l'Arabie saoudite, doit-elle à chaque fois baisser sa production ? Pourquoi les pays non-Opep n'en font-ils pas autant ? L'Arabie saoudite baissera sa production si un accord est conclu avec les pays non-Opep pour baisser la production. Autre difficulté : l'Arabie saoudite acceptera-t-elle que l'Iran récupère son quota et augmente sa production, alors qu'elle doit baisser son niveau d'extraction ? Croyez-vous à un accord entre les pays Opep et non-Opep pour baisser la production et enrayer la chute des prix du pétrole ? Je n'exclus pas un accord entre les pays Opep et non-Opep. Car 2016 est l'année de tous les dangers pour les pays producteurs de pétrole. Comment voyez-vous l'évolution des prix du pétrole à court et moyen terme ? Hors accord Opep, les prix continueront à tourner autour des 30 dollars. Je n'exclus pas un prix du baril à 20 dollars en 2016. On était déjà aux portes de ce seuil avec des prix de 26 dollars-27 dollars. Mais c'est un niveau à court terme. Il peut atteindre 20 dollars pendant quelques mois, puis remonter car ce prix rend non rentable une grande partie des productions de pétrole dans le monde. Il y a, aujourd'hui, trop de pétrole sur le marché. Les stocks sont importants. Et l'Iran, avec la levée des sanctions, va augmenter sa production de 500 000 à 700 000 barils/jour en 2016. Avec un accord Opep, les prix du pétrole vont remonter en 2016. On connaîtra certainement une hausse des prix du pétrole en 2017 sous l'effet de plusieurs facteurs. La consommation de pétrole ne cesse d'augmenter depuis 2010. Propos recueillis par : k. Remouche