Une réduction de la production pétrolière d'au moins 5% par les pays producteurs est nécessaire pour permettre aux prix de remonter, selon l'expert dans les questions énergétiques, Chemseddine Chitour, ajoutant que le récent accord Arabie saoudite-Russie-Qatar-Venezuela n'aura pas d'impact. "Geler le niveau de production n'aura pas d'impact s'il n'y a pas une diminution d'au moins 5%, soit l'équivalent de 2,5 millions de barils par jour (mbj)", a affirmé M. Chitour sur les ondes de la radio nationale. L'Arabie saoudite, la Russie, le Qatar et le Venezuela se sont mis d'accord, mardi dernier lors d'une réunion à Doha, de geler leur production à son niveau de janvier, rappelle-t-on. Mais M. Chitour a relevé que les autres membres de l'Opep n'avaient pas été associés à cette réunion de Doha, notamment les plus importants à savoir l'Iran et l'Irak qui font près de 6 mbj alors que l'Opep produit environ 32 millions mbj, sans compter que l'offre est supérieure à la demande à l'échelle internationale. "Dans ces conditions, si l'on veut que les prix repartent à la hausse de façon modérée, il faut extraire au minimum 2,5 mbj de la somme totale produite actuellement. Il faut que tout le monde s'y met, c'est-à-dire l'Opep et hors Opep", a encore souligné le même expert qui est directeur du laboratoire de valorisation des hydrocarbures à l'Ecole polytechnique d'Alger. Concernant le retour de l'Iran sur le marché, il estime que "théoriquement, cela va perturber le marché, mais c'est un rapport de forces qui est en train de se faire. Il y a, en partie, du bluff dans cette affaire, puisqu'il faut regarder ce qu'il y a derrière le pétrole", en citant, entre autres, les tensions entre l'Iran et l'Arabie saoudite. Par ailleurs M. Chitour a avancé que le prix du pétrole allait doubler à partir de la fin de 2016-début 2017, citant l'avis des analystes tablant sur un prix de 60 dollars le baril: "Mais pas au-delà (de ce prix), sinon le gaz de schiste sera de nouveau rentable et le marché rechutera sous l'effet de l'offre abondante". A ce propos, il a rappelé que le marché pétrolier a été perturbé par l'avènement du pétrole de schiste notamment aux Etats-Unis dont les producteurs, profitant d'un baril à 100 dollars, ont extrait le maximum de ce pétrole non conventionnel, ce qui a contribué à l'augmentation de l'offre sur le marché. Mais la baisse actuelle de l'activité des forages aux Etats-Unis, suite à la chute des cours pétroliers, va soutenir les prix du brut, selon lui. D'ailleurs, a-t-il précisé, près de 60 sociétés pétrolières américaines ont fait faillite du fait de non rentabilité avec un baril de 30 dollars, tandis que sur les 1.600 appareils de forages dans ce même pays, il en reste moins de 500.