Résumé : Masilva a pu quitter son lit et sortir appeler sa cousine Warda pour savoir si elle avait reçu des appels surtout de Djamel. Aux réflexions et le ton de la voix de Warda, Masilva se sent mal. Elle a l'impression d'avoir perdu quelque chose ou quelqu'un... Masilva était tellement peinée par le comportement de sa cousine qu'elle ne put rien avaler ce soir-là ni le lendemain. Elle avait mal. Sa mère voyait bien ses yeux larmoyants mais elle ne put tirer d'elle aucune explication. La jeune fille s'arrangea pour retourner à Alger avant la fin de la semaine. Elle rentra par le premier car en partance pour la capitale. De la gare routière, elle prit un taxi, ne voulant pas prendre le bus. Si son oncle Ali et sa tante se montrèrent surpris, mais heureux de la revoir, ce ne fut pas le cas de sa cousine. -Hamdoullah, tu t'en es bien sortie ! Le violet te va bien... -Oui, je crois. Elle regarda Warda, et son indifférence lui en dit beaucoup. Sa façon de la regarder et de se tenir loin d'elle. Elle ne tarda pas dans le salon. Pendant qu'elle échangeait des nouvelles du bled avec son oncle et sa tante, elle partit préparer le déjeuner alors qu'il n'était que 10h. Et Warda est loin d'aimer cuisiner. Suivant le conseil de son oncle, elle alla se reposer dans sa chambre. Elle aurait voulu dormir un peu, étant presque rassurée, maintenant qu'elle était là, pour recevoir ses appels. Elle allait retrouver sa place parmi les siens. Cela aurait dû apaiser le tumulte de son cœur, mais rien n'y fit. Bien que l'accueil de celle qui était sa deuxième famille fut chaleureux en mettant une parenthèse sur le cas de sa cousine, Masilva ressentait encore le même malaise. Elle sentait qu'elle devait s'attendre à tout. Que Warda lui réservait de mauvaises surprises. Ne tenant plus en place, elle entreprit de ranger ses affaires, ce qu'elle fit en trois minutes. N'ayant plus de vertige, elle rinça le parterre de sa chambre, dépoussiéra les meubles avant de s'occuper de sa propre personne. Il faut reconnaître que la bosse au front ne l'embellissait pas. Mais elle réussit avec du fond de teint à minimiser sur le contour de la blessure. Puis elle fit tomber quelques mèches sur son front. Elle prit le téléphone portable qui n'avait pas sonné une seule fois depuis son arrivée. Pourtant si ses amis étaient au courant et inquiets, ils auraient dû se manifester. Surtout Djamel ! Mais était-il encore au pays ? Ou était-il reparti en Belgique ? L'unique personne qui pourrait répondre à ces questions était sa cousine. Masilva ne pouvait pas patienter une minute de plus. Elle alla la rejoindre dans la cuisine. Une nouvelle fois, elle fut surprise par le revirement dans le comportement de sa cousine. Elle cuisinait, ce dont elle avait horreur. À part se chauffer une pizza, elle ne supportait pas de s'attarder devant un fourneau. Warda ne lui dit rien, ne lui proposa même pas de prendre un café. Masilva resta debout près des fourneaux à la regarder s'affairer. -Excuse-moi, mais je n'ai trouvé aucune note des appels, devinant que sa cousine ne lui parlerait pas d'elle-même. Tu avais promis de tout noter... Warda hausse les épaules et, sans même la regarder, répondit presque avec indifférence. Comme si elle s'en contrefichait. -Des appels sans importance d'hommes et de femmes... Elle s'était arrêtée le temps de quelques secondes tout en fermant les yeux. Un léger sourire vint flotter sur ses lèvres et qui fit soulever le pauvre cœur de Masilva qui devina, qui y lit ce qu'elle allait ajouter. -Et il y a ce garçon Djamel, c'est un garçon formidable ! -Tu ne peux pas le juger au téléphone, lâcha Masilva, torturée par le fait qu'ils se soient parlés. Il ne faut pas se fier aux apparences ! -Mais il paraît très bien, précisa Warda. Tu ne le sais pas, mais je l'ai vu ! Pour la première fois depuis son retour, elle la regarda dans les yeux. Elle eut un étrange sourire en voyant le teint livide de Masilva. (À suivre) A. K.