Le directeur général du pénitencier et son adjoint ont été suspendus par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh. Celui-ci a ordonné l'ouverture d'une enquête à l'intérieur dudit pénitencier pour établir des complicités. Un détenu, placé sous mandat de dépôt le 28 février dernier pour trafic de drogue, port d'armes à feu, de munitions et faux et usage de faux, a réussi, dimanche dernier, à s'évader de la prison d'El-Harrach, comme nous l'avions annoncé, lundi dernier, dans Le Radar de Liberté. Que s'est-il passé exactement et dans quelles circonstances ce prisonnier a réussi à tromper la vigilance des gardiens de cette forteresse ? Selon les éléments de l'enquête préliminaire menée par la Gendarmerie nationale d'El-Harrach, ce détenu a bénéficié d'une grande complicité de son avocate pour échapper à la surveillance des gardiens avant de s'évanouir dans la nature. "L'avocate s'est rendue au pénitencier pour une visite de routine à son client. Après les entretiens et avant de quitter la prison, elle a remis une robe d'avocat et un badge au détenu pour circuler librement dans les couloirs avant d'arriver à la porte de sortie en toute quiétude", a révélé à Liberté une source proche du dossier. L'avocate quitte aussitôt les lieux et les gardiens ne se sont rendu compte de l'évasion que l'après-midi lors de la vérification des geôles. L'alerte donnée, un important dispositif de sécurité est déployé aux alentours de la prison, sur les routes et les autoroutes où des fouilles sont opérées sur des dizaines de véhicules. Notamment sur l'axe de M'sila d'où l'avocate et le détenu sont originaires. Les services de la Gendarmerie nationale ont même mobilisé les unités de Blida, de Boumerdès, de Médéa et de Tipasa pour boucler les villes du Centre. Informé des faits, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, a immédiatement suspendu le directeur du pénitencier et son adjoint, alors que la direction générale de l'administration pénitentiaire s'est constituée partie civile. Le même soir, un bulletin de recherche est lancé à l'échelle nationale alors que la police des frontières a été destinataire du portrait de H. Oussama, l'évadé. Au même moment, les brigades cynophiles et un hélicoptère ont été mobilisés pour sillonner le Grand-Alger pour localiser ce prisonnier, notoirement connu dans le milieu du trafic de drogue. L'affaire ayant pris une ampleur, l'enquête sera confiée à la Section de recherche (SRGN) du groupement d'Alger, habilitée dans les grandes investigations. Il ressort qu'effectivement, cette évasion est le fruit d'un plan diabolique bien préparé entre le détenu et son avocate. Le même jour, les enquêteurs de la SRGN mettent la main sur ladite avocate, actuellement en garde à vue. Selon notre source, "tous les éléments convergent et démontrent que l'avocate, mise en cause dans cette affaire, a planifié l'évasion de son client". Conduite à Bab-Djedid où elle a été auditionnée, celle-ci a reconnu les faits et les enquêteurs ont démontré qu'elle avait touché une somme de 5 milliards pour organiser cette évasion. Devant ces aveux gravissimes, les enquêteurs ont auditionné, sur instruction du ministre de la Justice, Tayeb Louh, plus de 20 personnes, dont des gardiens de prison et des détenus proches de H. Oussama. Outre les enquêteurs de la SRGN, M. Louh a dépêché les inspecteurs de son département au pénitencier d'El-Harrach ainsi que des inspecteurs de l'administration générale des pénitenciers pour diligenter une enquête administrative. Après quoi, M. Louh a ordonné la prolongation de la garde à vue de la mise en cause, d'autant que la SRGN soupçonne l'existence d'un réseau qui serait derrière cette évasion organisée. Du coup, indique notre source, "il s'agit d'une circonstance aggravante. Car, un avocat, par définition, est un partenaire de la justice et non le contraire". Hier, ladite avocate a été entendue par les enquêteurs. De son côté, le procureur de la République près le tribunal d'El-Harrach a prescrit une extension de compétences aux enquêteurs de la SRGN afin d'opérer des recherches et de perquisitionner à M'sila. FARID BELGACEM