Des cadres du RND opposés à Ahmed Ouyahia travaillent, selon nos sources, à reporter le congrès ou à en invalider les résultats par voie de justice. C'est dans une effervescence que le RND se prépare à tenir son congrès extraordinaire du 5 au 7 mai prochain. Si les candidats en course pour la succession d'Ouyahia à la tête du parti affûtent leurs armes, un groupe de cadres militants du parti se prépare, déjà, à introduire une action auprès du conseil d'Etat dont ils solliciteront une invalidation dudit congrès, en raison, disent-ils, d'irrégularités constatées dans la préparation de cette importante échéance. Un groupe de travail qui comprend des cadres militants, notamment des juristes, a été mis en place et travaille, selon nos sources, sur deux pistes : soit accélérer la procédure pour éviter la tenue du congrès, soit la deuxième option qui consiste à annuler les résultats du congrès. C'est ce que nous a indiqué, hier, un membre du groupe des cadres auteurs de la lettre réclamant le report du congrès, qui est aussi un ancien membre de la direction et du conseil national du RND. Joint par nos soins, hier, il a précisé que ces deux options sont en cours d'étude par des spécialistes et leurs travaux seront soumis à la validation par l'ensemble des militants d'ici à la fin de la semaine. Selon ce cadre du RND, qui a requis l'anonymat, cette démarche engage, outre les dix signataires de la lettre appelant au report du congrès, "de plus en plus de militants" qui sont venus élargir la base des contestataires qui œuvrent à la tenue d'un congrès "démocratique qui passe par des élections à la base". Pour notre interlocuteur, un problème de principe se pose. "On commence à parler d'un congrès où les congressistes sont désignés d'avance", s'est-il exclamé, en relevant les nombreuses lacunes constatées dans la préparation de ces assises. Selon lui, il y a manifestement atteinte aux statuts du parti qui avaient été validés par le congrès ordinaire de 2013, en ce sens que, a-t-il précisé, "le groupe affilié à Ouyahia est en train de préparer des projets de nouveaux statuts organiques". Or, ajoute-t-il, le congrès extraordinaire du RND n'est habilité à réviser ni les statuts ni le règlement intérieur, mais doit seulement procéder à l'élection du secrétaire général du parti, cela d'une part. D'autre part, "il y a un aspect de principe : le caractère démocratique que doit revêtir le congrès, à travers toutes les étapes et jusqu'à l'élection du secrétaire général du parti". Notre interlocuteur, qui s'attardera sur les griefs retenus contre ce congrès préparé par la commission présidée par l'actuel SG par intérim, Ahmed Ouyahia, fera état surtout de l'élimination de beaucoup de militants des listes de candidatures au prochain congrès. Par ailleurs, notre source affirme que "tous les bureaux au niveau des wilayas sont fermés", et que la contestation ne fait que "prendre de l'ampleur", à cause de la précipitation qui a caractérisé la préparation du congrès. Il a relevé, également, le non-respect des élections au niveau de la base, en citant l'exemple du rejet de la candidature d'un cadre de Blida qui, d'ailleurs, sera appelé à figurer dans le dossier qui sera soumis à la justice par les contestataires pour faire invalider le congrès. D'où la mobilisation des "anciens membres du conseil national et de cadres pour redresser la barre". Cela étant, ce cadre du RND a souligné qu'"Ouyahia est le bienvenu mais qu'il respecte la procédure, c'est tout ce qu'on lui demande. On est contre personne", Il a cependant révélé l'existence d'"une note signée par le SG par intérim qui appelle la base à voter pour le SG". "Si on veut le coopter, pourquoi organise-t-on alors un congrès et pourquoi dépenser de l'argent ?", s'est-il interrogé, avant de conclure : "Nous sommes des cadres qui agissent dans le cadre de la réglementation prévue par les statuts de notre structure et les lois du pays qui permettent de dénoncer ces atteintes aux lois." La démarche des contestataires, soulignons-le, va de pair avec celle d'un autre groupe de cadres, proches du candidat Belkacem Melah, dont Mohamed Lamine Mohammedi, qui est l'auteur d'un sondage réalisé à travers plusieurs wilayas prédisant l'échec de l'actuel SG par intérim. M. Mohammedi, pour sa part, a fait état également "d'entorses graves" au règlement intérieur et aux statuts du parti lors des congrès régionaux, notamment en matière de désignation des congressistes et le changement des statuts et du règlement intérieur du parti. AMAR RAFA