Résumé : Les moutons paissaient tranquillement dans le pré, et Ali prend sa flûte pour jouer des morceaux nostalgiques. Meriem est toute remuée. Elle se surprend à souhaiter rester à jamais dans ce village où les gens vivaient heureux. Ali lui propose de jouer à la balançoire. Daouia sourit : -La balançoire est un jeu que tous les jeunes du village apprécient, voire même les vieux. À la dernière cueillette des olives, il y avait beaucoup de vieilles femmes qui s'étaient laissé entraîner par leurs petits-enfants à s'asseoir sur ces cordes pendues aux arbres, avant d'être balancées. Les unes avaient pris peur et criaient en s'accrochant de toutes leurs forces à la corde, d'autres avaient plutôt apprécié ce "jeu" et riaient en demandant qu'on les pousse encore plus haut. Tout le monde avait fini par se laisser prendre à cet amusement qui n'a duré que le temps d'une cueillette. Et toi Meriem, apprécies-tu la balançoire ? -Je ne sais pas. Je n'ai jamais essayé et... -Alors approche-toi et tente de t'asseoir au milieu de la corde lance Ali, qui finissait de nouer ladite corde aux branches d'un arbre. Attends un peu. Il met une vieille couverture à travers cette "balançoire" de fortune et invite Meriem d'une main : -Voilà. Cette couverture amortira la rudesse de la corde, et ta peau ne s'écorchera pas. Meriem un peu intimidée s'assoit sur la couverture et tente de se maintenir en équilibre en s'accrochant à la corde avec ses deux mains : -Prête ?, demande Daouia qui se tenait derrière elle. -Oui. Mais ne me pousse pas trop fort, ni trop haut. J'ai un peu peur. Daouia donne un coup dans le dos de Meriem et cette dernière se sentit propulsée dans les airs. Elle tente d'arrêter son élan ou de crier, mais ne put rien faire. C'était comme si on l'avait hypnotisée. Elle s'accroche davantage à sa corde et remarque soudain qu'elle pouvait atteindre le sommet de l'arbre et revenir en arrière en foulant le sol. Elle se sentit un peu moins crispée, et bien plus légère. Un sentiment de liberté s'empare d'elle. Daouia continuait à la pousser en entamant une vieille rengaine, et Ali qui avait repris sa flûte jouait d'autres morceaux encore plus captivants que les premiers. Meriem est enchantée par la nature qui s'étendait devant elle, par la balançoire et par ce couple très simple dans ses gestes, mais fort généreux et très affectueux. Le jeu dura un moment, avant que Daouia ne s'arrête. Meriem abandonne sa balançoire et revient s'asseoir près de Ali. -Alors ? Tu t'es bien amusée ma fille ? -Oh oui ! Je n'aurais jamais cru qu'on pouvait improviser des balançoires avec une corde ni que le jeu en valait la chandelle. -Dans notre village tout s'improvise. Nous allons manger un morceau, et tu iras faire un tour à la lisière de la forêt avec Daouia. Peut-être verras-tu quelques animaux que tu ne connais pas ? Daouia lui tendit un sandwich de pain levé et de blettes frites aux œufs. Meriem trouve ce repas frugal fort délicieux et l'accompagne d'un grand verre de petit-lait. Daouia lui donne quelques figues sèches en guise de dessert, et l'exhorte à boire l'eau fraîche de la montagne qu'elle venait de puiser à un ruisseau. Après une petite pause, elles se levèrent toutes les deux pour faire une promenade. Ali étale une natte et s'y allonge, en surveillant son troupeau du coin de l'œil. La jeune fille serre son écharpe autour de son cou et remet en place son bonnet : -Allons-y. J'ai hâte de voir ce qui se passe plus loin. Daouia sur ses pas, elle s'aventure dans la neige pour s'approcher de la forêt qui leur faisait face. Les arbres ressemblaient à des mouettes géantes sous leur couverture de neige, qui commençait à fondre. La curiosité de la jeune fille est piquée à vif : -Pourquoi appelez-vous "forêt" ces quelques arbres éparses ? (À suivre) Y. H.