Pour la première fois, le travail informel et la modernisation de l'administration du travail seront à l'honneur d'une session de l'Organisation arabe du travail. C'est ce qu'a déclaré Tayeb Louh, ministre du Travail, lors d'une conférence conjointe avec le directeur général de l'Organisation arabe du travail (OAT), le Libyen Ibrahim Koudir, animée jeudi au Centre international de presse (CIP), à Alger. Il a aussi indiqué que la 32e session du congrès de l'OAT, qui se tiendra à l'hôtel El-Aurassi du 12 au 19 février, verra la participation de quelque 307 congressistes. Une enveloppe financière de 30 millions de DA lui est consacrée. Parlant des thèmes qui seront traités lors du présent congrès, M. Louh a précisé que celui du travail informel comme celui de la modernisation de la gestion du travail sont des propositions de l'Algérie. Pour sa part, M. Koudir a indiqué que la nouveauté de la présente session est que dans le rapport qu'il présentera, lui-même, sur la modernisation de la gestion du travail, il a privilégié une démarche critique. “On procédera à l'autocritique concernant la gestion du travail dans les pays arabes. On fera une étude comparative pour savoir combien les législations arabes sont en conformité avec les normes internationales en la matière”, a-t-il soutenu. Et de préciser, plus loin, que le problème n'est pas tant dans la conformité des législations arabes en matière de travail avec les normes internationales, mais plutôt dans leur application. Parlant du chômage, M. Koudir a assuré qu'“aucun pays au monde, y compris les Etats-Unis, ne peut en finir définitivement avec ce phénomène. On peut seulement le diminuer”. Des chiffres ? Selon lui, il y a 25 millions de chômeurs dans l'ensemble des pays arabes. À l'horizon 2025, leur nombre pourrait atteindre les 35 millions, si rien n'était fait d'ici là. La solution ? Un travail interarabes s'impose. M. Koudir ne propose rien de moins que le remplacement des 18 millions d'étrangers travaillant dans les pays arabes, notamment dans ceux du Golfe, par une main-d'œuvre arabe. “On a soumis le dossier aux dirigeants des pays du Golfe. Notre souhait est que ces pays privilégient la main-d'œuvre nationale d'abord, puis celle des autres pays arabes”, a-t-il affirmé. Pour ce qui est du travail informel, M. Koudir a indiqué que son éradication totale “n'est pas souhaitable”, car, a-t-il expliqué, “elle pourrait déboucher sur un déséquilibre autrement plus dangereux”. Et d'enchaîner : “Il faut plutôt veiller au respect des droits des travailleurs exerçant dans ce secteur.” Interrogé sur le caractère de l'OAT, M. Koudir a indiqué qu'elle “n'est pas syndicale. Elle est d'une composante tripartite : les gouvernements, les patrons et les syndicats”. Interpellé sur la situation des libertés syndicales dans les pays arabes, M. Koudir a escamoté le sujet se contentant d'une division des syndicats en 3 catégories : les syndicats gouvernementaux, les syndicats libres et les syndicats nouveaux. A. C.