Des rapports "alarmants" émanant du haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme font état de violations commises par les forces de sécurité turques, dont notamment des tirs contre des civils désarmés et la mort d'une centaine de personnes dans un brasier. Zeid Ra'ad Al-Hussein, le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, a exprimé hier sa profonde inquiétude au sujet d'informations en provenance de "diverses sources crédibles" sur les actions menées par les forces de sécurité dans le sud-est de la Turquie, à domination kurde, au cours des derniers mois. Il a évoqué une série de violations apparemment commises par les forces de sécurité et militaires turques, incluant des tirs contre des civils désarmés et la mort d'une centaine de personnes dans un brasier. "L'impression qui émerge, bien qu'encore sommaire, est extrêmement alarmante", a affirmé le haut fonctionnaire onusien dans un communiqué. "Je condamne fortement les violences et autres actes illégaux commis par des groupes de jeunes et par d'autres agents non étatiques, qui seraient affiliés au PKK, à Cizre et dans d'autres zones, et je déplore toute perte de vie résultant d'actes terroristes où qu'ils adviennent", a déclaré Zeid Ra'ad Al-Hussein, avant de marteler qu'il était "essentiel que les autorités respectent les droits de l'homme lorsqu'elles mènent des opérations de sécurité ou anti-terroristes – et le droit international interdisant la torture, les meurtres extrajudiciaires, le recours excessif à la force meurtrière et la détention arbitraire doit être respecté". Pour appuyer ses dires, le haut-commissaire a indiqué avoir reçu des rapports sur des civils désarmés, dont des femmes et des enfants, "intentionnellement pris pour cible par des tireurs embusqués ou par des tirs émanant de chars ou d'autres véhicules militaires". "Le plus troublant, ce sont les rapports citant des témoins et des proches à Cizre qui suggèrent que plus de 100 personnes seraient mortes brûlées vives, alors qu'elles avaient trouvé abri dans trois sous-sols encerclés par les forces de sécurité", a souligné Zeid Ra'ad Al-Hussein. Pour rappel, les autorités turques avaient imposé un couvre-feu dans la ville de Cizre et dans d'autres localités de cette région afin de faire fuir les rebelles proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui avaient érigé des barricades et creusé des tranchées. Ceci étant, le haut-commissaire de l'ONU, qui a exigé une enquête exhaustive, a signalé que jusqu'à présent Ankara n'a pas encore déclenché d'enquête et n'a pas donné son aval à la demande qu'il a formulée de se rendre sur les lieux, qui restent quasiment impossibles à atteindre en raison d'une forte présence des forces de sécurité. Il a déploré qu'"un tel manque d'information, en 2016, sur ce qui se passe dans une zone si grande et si facile à accéder géographiquement est à la fois extraordinaire et profondément inquiétant". Merzak Tigrine