Le ministre des Finances La hausse du déficit a été engendrée par le parachèvement de l'exécution des programmes de 2014 et de 2015. Le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhelfa, et le ministre délégué auprès du ministre des Finances chargé du Budget et de la Prospective, Hadji Baba Ammi, affirment que «le recours à l'endettement qu'il soit interne ou externe, n'est pas une tare durant l'actuelle phase difficile caractérisée par la perte de plus de 70% des recettes en revenus extérieurs et imposant le changement du mode de financement du budget d'équipement». «L'endettement est une tare lorsqu'il n'est pas maîtrisé», a indiqué, hier, M.Baba Ammi lors d'une conférence de presse tenue en marge d'une rencontre sur l'emprunt obligataire au siège du ministère des Finances. «Nous allons essayer dans les années à venir de rester sur des niveaux d'endettement acceptables et gérables ou dans la soutenabilité de la dette», dira-t-il. «Il ne faut pas dire que l'endettement extérieur est interdit ou dangereux dans la mesure où tout dépendra de l'usage qui sera fait de cet endettement. Qu'il soit destiné aux projets à caractère économique ou à des infrastructures de base qui participent à l'attractivité des territoires et des investissements, l'endettement peut être utile pour continuer à investir dans ses segments»,a-t-il fait savoir. «Si on va à l'endettement, on va l'utiliser pour maintenir le niveau acceptable des activités car derrière les budgets d'équipement gravitent des milliers d'entreprises», a-t-il soutenu. «Le rythme des dépenses observé pour l'année 2015», sera poursuivi au cours de l'année 2016, dira Hadji Baba Ammi. La politique adoptée par le gouvernement en matière de dépenses est celle «d'atterrissage en douceur», a-t-il noté. «On ne pouvait pas arrêter la machine de manière brutale. On va rétrécir les dépenses de telle manière à les ramener d'un niveau à un autre sans produire un choc sur l 'économie», a-t-il estimé. Il s'agit, d'après ce responsable, «d'un pilotage progressif à vue, de telle façon que dans trois à quatre mois on arrivera à un niveau de dépenses qui correspond au niveau des recettes». Le déficit du Trésor dû au parachèvement des anciens chantiers «Il faut réussir cette phase très délicate de gestion de la dépense budgétaire parce qu' on ne peut pas arrêter les projets inscrits au programme en cours qui doivent être terminés puisqu'on a gelé un certain nombre de nouvelles opérations qui ne sont pas prioritaires», ajoute-t-il. Dans ce sens, il a rappelé que «la dette publique du pays représente 8,5% du PIB et que la dette extérieure correspond à 0,3% du PIB seulement». «La totalité des reliquats de paiement des projets publics d'équipement, relevant des exercices de 2014 et 2015, ont été réglés durant le premier trimestre de l'année en cours», a indiqué, de son côté, le ministre des Finances. S'agissant du déficit du Trésor établi à 1 404 milliards de dinars durant les deux premiers mois de 2016, il a expliqué que «cette hausse du déficit a été engendrée par le parachèvement de l'exécution des investissements relevant des programmes de 2014 et de 2015». «Nous avons décidé de parachever l'exécution de tous les reliquats d'investissements des anciens programmes avant la fin mars 2016. Tous les projets qui accusaient des retards de paiement ont été réglés. C'est cela qui a donné ce niveau de dépenses durant les deux premiers mois de l'année», a-t-il expliqué. Quant aux dépenses d'équipement, - établies à 783,5 milliards de dinars en janvier et février derniers contre 383, 96 à la même période de 2015, soit une augmentation de 175% - le ministre a indiqué que «la couverture de ces dépenses était assurée en partie par le Fonds de régulation des recettes (FRR) et par les crédits bancaires à l'économie, dont le stock s'élève actuellement à plus de 7500 milliards DA, ainsi que par les valeurs d'Etat constituées par les obligations assimilées du Trésor et les bons assimilés du Trésor». A titre de rappel, 666 milliards de dinars ont été prélevés du FRR, durant les deux premiers mois de l'année en cours. Le ministre a noté que «l'épargne bancaire hors dépôts de Sonatrach s'élevait actuellement à plus de 5000 milliards de DA». Selon lui, les banques et le Trésor public «recèlent un grand potentiel de financements» qui inciteront l'Etat à aller davantage vers les projets d'investissements. L'emprunt obligataire: des «dizaines de milliards de DA» collectées Interrogé sur le bilan partiel de l'emprunt obligataire de l'Etat, son plafonnement, les fonds d'origine criminelle, les fonds vautours, le ministre a laissé les représentants des médias sur leur faim. Il s'est contenté d'indiquer approximativement que durant les 20 premiers jours de cette opération, il a été collecté des «dizaines de milliards de dinars». En dépit de l'insistance des journalistes, le ministre a refusé de communiquer le montant exact des fonds encaissés, jusqu'à maintenant, par les banques et les autres établissements financiers dans le cadre de cet emprunt. Selon lui, «plusieurs entreprises attendent l'aval de leur conseil d'administration pour souscrire à cette opération». Il a également révélé que «plus de 9 millions d'obligations étaient en cours d'impression». A la question de savoir si la communauté algérienne à l'étranger pouvait également souscrire à cet emprunt, le ministre a précisé que celle-ci pouvait le faire, mais seulement en dinars et non en devises, révélant, dans ce sillage, que plus de sept millions de comptes devises d'épargnants algériens sont recensés sur la place bancaire du pays. Prenant aussi part à cette conférence de presse, les P-DG de quelques banques publiques ont communiqué à la presse leur premier bilan de l'opération d'emprunt obligataire. Ainsi, la BEA a encaissé plus de 35 milliards de DA, tandis que le CPA a drainé 19 milliards de DA, alors que la Badr a collecté 10 milliards de DA.