Plus de vingt avant le "printemps arabe", le régime du parti unique s'est subitement effondré en Algérie pour laisser place à un système pluripartisan. Comment cette première expérience démocratique de la région s'est-elle organisée ? Et comment a-t-elle échoué trois ans plus tard ? L'ouvrage reconstitue ce processus, à partir d'un matériau d'une ampleur inégalée : entretiens avec les responsables des principaux partis politiques (FLN, FIS, RCD, FFS), des ministres, des généraux, des fonctionnaires locaux et départementaux ; décryptage de nombreuses archives originales (du FIS et du ministère de l'Intérieur notamment), de la presse et de textes juridiques. Il retrace la mise en place des nouvelles règles du jeu politique, la sélection des acteurs habilités à participer à la compétition électorale, les apprentissages politiques soutenant la construction d'un système partisan pluraliste, les alternances de confiance et de méfiance. Tel un laboratoire du changement démocratique, où s'éprouvèrent toutes les conditions nécessaires à ce passage, l'expérience algérienne n'a résulté ni d'un simple basculement, ni d'une évolution linéaire consécutive à une crise de régime. Mais plutôt d'un processus erratique et imprévisible livrant à chaque étape de nouvelles configurations d'acteurs pris collectivement dans une dynamique que personne ne maîtrisait. Un livre clé pour comprendre la place singulière de l'Algérie ainsi que sa "stabilité" lors des "révolutions arabes". Une grille d'analyse pour porter un regard plus averti sur les bouleversements actuels du monde arabe. Myriam Aït-Aoudia est maître de conférences en sciences politiques à Sciences Po Bordeaux et chercheure au Centre Emile-Durkheim. Elle a codirigé, avec Antoine Roger, l'ouvrage La Logique du désordre (Presses de Sciences Po, 2015) et enseigné dans plusieurs universités. Elle est l'auteure de nombreux articles scientifiques sur les partis politiques, l'islamisme et les transitions démocratiques. R. C.