Ennahar TV, instrument de propagande d'un clan au pouvoir ? Qui en douterait encore, après l'interminable plateau d'avant-hier sur lequel ont défilé des invités qui ont rivalisé de déchaînement contre le président du plus grand groupe industriel national (Cevital), Issad Rebarab ? Des invités à la sincérité douteuse, à l'honnêteté intellectuelle contestable et chez qui les mensonges les plus gros ont tenu lieu d'arguments, qui semblaient avoir pour seule consigne de diaboliser l'homme d'affaires. Ils s'y sont employés avec hargne, agressivité et malveillance. Ils ont dégainé à qui mieux mieux des accusations sans fondements et à tout-va. On se croirait dans un café de commerce. La télévision, média offshore qui jouit du rare privilège d'une autorisation à activer en Algérie, ayant décidé d'en faire son fil rouge, il lui fallait dénicher et vite des profils prédisposés à casser du Rebrab, mais surtout capables de toutes les énormités possibles et imaginables. Et, assurément, il n'a pas fallu chercher longtemps pour trouver des personnages prêts à l'emploi. Ennahar TV les a trouvés en les personnes de Mohcène Amara, l'un des avocats du ministère de la Communication dans l'affaire El Khabar, dont la constitution a été rejetée, la veille, par le tribunal administratif de Bir-Mourad-Raïs pour défaut de qualité, car faisant l'objet d'une radiation du barreau d'Alger, et de Mohamed Cherif Ould El-Hocine, ancien président de la Chambre nationale d'agriculture, congédié avant que le FLN, son parti, ne le récupère pour en faire un député. Exploitant agricole à Bouira, le député ne porte pas Rebrab dans son cœur, ni même la presse privée, d'ailleurs. En mai 2013, plus exactement le 5, il se fera particulièrement remarqué dans une diatribe virulente et acharnée à l'encontre de la presse. "Ne comptez pas sur nous pour avoir davantage de liberté d'expression, les députés ne vont pas vous lâcher", rageait-il sans raison apparente, lors d'une journée parlementaire sur la liberté de la presse, abritée alors par la Chambre basse du Parlement. Accusateur sans preuve, Ould El-Hocine l'a été lors de cette soirée des "loups-garous" où l'on lynchait du Rebrab à tout-va. Mais celui qui a exagéré dans l'outrance, c'est bien Mohcène Amara, plus porté sur le pugilat et la diffamation que l'effet de manche, ce qui lui a valu d'ailleurs des citations à comparaître devant le juge, des condamnations et le bannissement professionnel par ses pairs. Alors, lui, il a fait feu de tout bois. Faute d'avoir lui-même des choses à reprocher à Rebrab, il s'est mis, tel un automate programmé pour ce mimétisme de mauvaise facture, à appuyer les sornettes débitées par une voix off excessivement médisante à l'égard de Rebrab, accusant, sans en apporter la moindre petite preuve, le président de Cevital de frayer avec le DRS et de voler les assurances en provoquant les incendies volontaires de ses entreprises. Méthode bien connue d'Ennahar TV, qui a substitué le chantage à la vertu professionnelle sur laquelle Hamid Grine s'égosille à n'en plus pouvoir, l'émission "L'autre visage", diffusée jeudi soir, était un amoncellement nauséabond de contrevérités, dont beaucoup sont passibles de tribunaux. Ainsi, quand Ennahar TV soutient que Rebrab a payé 600 millions de centimes au GIA, Mohcène Amara est là pour confirmer. Il est également là pour attester, l'air de quelqu'un de sûr de sa science, que c'est bien Rebrab qui a provoqué l'incendie en 2015 de "son magasin Samsung à Saïd- Hamdine". Flagrant délit de mensonge ! Le magasin Samsung qui a cramé à Saïd-Hamdine n'appartient pas à Rebrab. À Annahar TV, on n'a pas le souci de la vérification de l'information, encore moins de la vérité. Chez ses invités de la soirée aussi. C'est ainsi que l'homme d'affaires, Issad Rebrab, est désigné à tort, franchement à tort, coupable d'instigation des émeutes de janvier 2011. La commission parlementaire mise sur pied, à l'effet de faire la lumière sur les événements, a mis Rebrab hors d'accusation. C'est le président de l'APN de l'époque, Abdelaziz Ziari, qui en avait fait cas publiquement, dans un entretien médiatique. Au cours de la même émission, le président de Cevital est aussi présenté comme responsable des dégâts causés à Boumerdès par le séisme du 23 mai 2001, pour avoir, soi-disant, commercialisé du rond à béton de piètre qualité. Raté, encore, ce coup-ci. Aucune enquête ne l'a et ne pouvait d'ailleurs l'établir. Ennahar TV et ses invités devraient savoir pourquoi : la plupart des immeubles qui s'y étaient effondrés étaient construits dans les années 70 et, à cette époque, Rebrab n'avait pas encore investi dans la sidérurgie. Mais Ennahar TV n'hésite devant aucune énormité. Pour peu, elle aurait accusé Rebrab d'avoir provoqué l'accident nucléaire de Tchernobyl ou encore, du moment qu'il a investi au Brésil, d'être derrière la destitution de la présidente brésilienne Dilma Roussef, comme a superbement bien ironisé un internaute. On ne peut que faire dans les pires travers du métier, quand on prétend pouvoir mener et diffuser, au pied levé, en un jour, plus exactement, une enquête journalistique. Enfin, de quelle crédibilité pouvait se targuer un média qui brocarde ainsi un homme d'affaires, qu'il présentait à peine trois jours auparavant comme "un partenaire respectable" ? S. A. I.