En un an, peu d'avancées ont été enregistrées dans la mise en œuvre de l'Accord d'Alger, alors que la situation sur le terrain au Mali ne cesse de se dégrader depuis quelques mois avec le retour des groupes terroristes dans le Nord. Les signataires de l'accord de paix et de réconciliation au Mali continuent de se rejeter la responsabilité dans les retards que connaît la mise en œuvre de ce texte, sous la médiation algérienne. Pour la Plateforme, une coalition de mouvements politico-armés pourtant acquise à la cause des autorités de Bamako, "la responsabilité incombe au gouvernement d'abord, et les autres parties doivent l'accompagner de manière consensuelle". Invité par le média associatif Studio Tamani, Firhon Maïga, un des membres de la Plateforme, dira : "Nous attendons beaucoup plus d'améliorations. Nous attendons encore le cantonnement et l'intégration. Nous attendons un certain nombre de changements en ce qui concerne la prise en compte des régions du Nord." La gestion de ce dossier par le président Ibrahim Boubacar Keïta est mise en cause par les groupes du Nord, mais également par une partie de la presse et de la classe politique malienne, ainsi que par une population lasse de vivre dans l'insécurité permanente. La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rebelles) a pointé du doigt, à maintes reprises, le manque de volonté politique du gouvernement IBK, également épinglé par la médiation internationale lors d'une réunion d'évaluation qui a eu lieu le 18 janvier dernier à Alger. La CMA dénonce surtout le blocage dans la mise en place des autorités intérimaires, condition nécessaire, selon cette coordination, pour l'entame de la phase du cantonnement des ex-rebelles. Prévues dans le texte de l'accord, les autorités intérimaires auront pour mission de préparer les élections locales. Mais pour les partisans du gouvernement, la CMA fait dans le chantage, ce qui n'est pas pour apaiser les tensions entre les deux camps, alors que la situation sécuritaire et économique du Mali prête à beaucoup d'inquiétudes. Les groupes terroristes, comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Ansar-Eddine ont profité de ce relâchement et du retard pris dans la mise en œuvre de l'Accord d'Alger pour se redéployer et mener une série d'attentats ayant visé des étrangers, y compris dans les pays voisins comme le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire. C'est pourquoi la médiation internationale, via l'Algérie, a haussé le ton dimanche, à l'occasion du premier anniversaire de la signature de l'accord de paix. Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, a appelé tous les partenaires du Mali à apporter à ce pays toute l'aide à même de lever les obstacles pouvant entraver la mise en œuvre de l'accord de paix et de réconciliation dans ce pays. "Tous les partenaires du Mali sont, aujourd'hui, fortement interpellés pour apporter à ce pays, dans les meilleurs délais, toute l'aide et toute l'assistance, particulièrement dans les domaines financier et de la lutte contre le terrorisme et le narcotrafic, dont il a un besoin urgent et vital", a indiqué M. Lamamra dans un entretien accordé à l'APS, même s'il relativise son propos, en se félicitant des quelques avancées enregistrées depuis un an. Certes, la communauté internationale éprouve un peu de difficultés à remplir sa part du contrat, comme trouver des financements pour le nord du Mali, mais rien ne peut justifier en dehors de cela l'attitude du gouvernement d'IBK quant à la mise en œuvre de l'Accord d'Alger, selon le calendrier établi par le Comité de suivi à Bamako. Lyès Menacer