Cristiano Ronaldo, tête d'affiche déjà trentenaire de l'Euro-2016, jouera en France une de ses dernières chances de remporter un trophée international avec l'équipe du Portugal, un exploit qui échappe depuis douze ans à ce recordman insatiable gavé de titres en club. Le triple Ballon d'or (2008, 2013 et 2014) disputera à 31 ans le quatrième championnat d'Europe de sa carrière stratosphérique, marquée toutefois par une succession de rendez-vous manqués lors des grands tournois internationaux. Son plus grand regret est sans doute, aussi, le plus ancien, car l'attaquant vedette du Real Madrid n'aura jamais été aussi près du but que lors de cette finale de l'Euro-2004, perdue à Lisbonne face à la Grèce (1-0) quand il n'avait que 19 ans. Outre sa performance pleine de promesses, la planète foot avait retenu les images du joueur natif de Madère qui, fondant en larmes au dernier coup de sifflet, exprimait la frustration de tout un peuple passionné de ballon rond. Encore emmenée par Luis Figo, son prédécesseur avec le n°7 et le brassard de capitaine, la Seleçao atteignait les demi-finales du Mondial-2006. Puis, prenant la relève de la génération dorée du football portugais, Cristiano Ronaldo portait son équipe à bout de bras jusqu'au dernier carré de l'Euro-2012 avec un doublé face aux Pays-Bas et un but décisif contre la République tchèque. Mais le Portugal succombait aux pieds de l'Espagne à l'issue d'une cruelle séance de tirs au but. Ronaldo a débarqué au Mondial-2014 au sommet de son art car son deuxième sacre en Ligue des champions avec le Real, après celui remporté en 2008 avec Manchester United, était assorti d'un record de 17 buts en une édition de l'épreuve-reine des clubs européens. Humilié au Mondial-2014 Mais cette saison éreintante a eu son prix : "CR7" est arrivé au Brésil physiquement à la peine et son pays était éliminé dès le premier tour après une humiliante défaite lors de son entrée en lice face à l'Allemagne (4-0). Issu d'un quartier pauvre de Funchal, capitale de son île natale de Madère, le jeune Cristiano a quitté sa famille à onze ans pour rejoindre l'académie du Sporting, à Lisbonne, où sa rage de vaincre épatait ses entraîneurs et ses coéquipiers bien avant ses débuts professionnels en 2002. Un an après, le feu follet de 18 ans tapait dans l'œil de Sir Alex Ferguson lors d'un match amical et l'entraîneur du Manchester United le recrutait sur le champ. En Angleterre, Ronaldo a fait sa mue, apprenant à jouer plus collectif et à tirer pleinement parti de sa vitesse, ses dribbles et sa puissance de frappe. En 2009, son transfert au Real Madrid pour 94 millions d'euros lui a valu à l'époque le statut de joueur le plus cher de l'histoire. Dans un club à la hauteur de ses ambitions, il est devenu une icône planétaire, tantôt raillée pour ses penchants "bling-bling" tantôt louée pour son impeccable hygiène de vie. Déjà meilleur buteur de l'histoire du Portugal avec 56 buts, il est en passe d'en devenir le joueur le plus capé avec actuellement 125 sélections contre 127 pour Luis Figo. Témoignant de son influence toujours prépondérante, l'attaquant a signé cinq des onze buts du Portugal en qualifications pour l'Euro-2016. Du coup, l'encadrement et les supporters portugais croisent les doigts pour que leur principal atout en garde sous la semelle, car son Real s'est de nouveau qualifié pour la finale de la Ligue des champions le 28 mai face à l'Atlético Madrid, le même adversaire rugueux qu'en 2014...