Des ONG et des militants ont tiré la sonnette d'alarme hier en appelant la communauté internationale à agir rapidement afin de permettre aux dizaines de milliers de civils pris au piège des combats se déroulant dans des régions de Syrie et d'Irak contre l'organisation terroriste Daech. Victimes collatérales des guerres, les civils sont à nouveau au centre de combats, qui opposent depuis plusieurs jours les terroristes de l'Etat islamique aux forces irakiennes autour de Falloujah et à la coalition arabo-kurde en Syrie. Pis encore, les déplacés civils sont même menacés dans la province syrienne d'Alep, près de la frontière turque. Des déplacés au nombre de quelque 165 000 selon l'ONU, sont menacés par une offensive de l'Etat islamique, qui a réussi à progresser et à s'emparer de localités rebelles. Cette avancée de Daech intervient alors que ce groupe terroriste est la cible depuis mardi d'une offensive des forces arabo-kurdes appuyées par les Etats-Unis dans la province voisine syrienne de Raqa, où les civils cherchent également à se réfugier dans des lieux plus sûrs. Pendant ce temps, de l'autre côté de la frontière, en Irak, des dizaines de milliers de civils sont coincés dans la ville de Falloujah contrôlée par l'EI, que les forces irakiennes, avec aussi l'appui aérien crucial des Etats-Unis, cherchent à reprendre depuis lundi. La situation dans cette ville "devient plus critique chaque jour pour les civils", a indiqué Nasr Muflahi, le directeur du Conseil norvégien pour les réfugiés pour l'Irak. "Les habitants de quartiers entiers ont été déplacés dans la zone même des combats sans aucune issue sûre pour s'échapper", a-t-il ajouté, après la fuite de centaines de civils des zones périphériques. Rappelons que l'ONU avait déjà jugé dramatiques les conditions des quelque 50 000 civils coincés à Falloujah, qui manquent de nourriture, d'eau potable et de médicaments. Face à cette situation, le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés, les ONG Human Rights Watch et Médecins sans Frontières, ainsi que l'opposition et les militants syriens ont exprimé leurs craintes notamment pour les déplacés autour de la région d'Azaz, dans le nord de la province d'Alep. "La situation dans les camps des déplacés dans la région d'Azaz est très mauvaise. Leurs souffrances ne cesseront pas tant que la frontière turque restera fermée et que les combats auront lieu à proximité", a affirmé l'OSDH. De son côté, le HCR n'a pas caché dans un communiqué rendu public "son inquiétude pour les milliers de civils vulnérables affectés par les combats" en mentionnant les 165 000 déplacés d'Azaz. Il a dit avoir alerté, sur leur situation, les autorités turques, qui refusent depuis des mois d'ouvrir la frontière. "Les civils (...) sont pris au piège des combats, outre leurs besoins en services médicaux, en nourriture, en eau et en sécurité", a-t-il ajouté, en soulignant "leur droit à un passage sûr". L'opposition syrienne en exil a elle "appelé le Conseil de sécurité et les gouvernements de pays amis à assurer d'urgence une protection aux civils dans toutes les régions cibles d'attaques de l'EI et du régime syrien criminel". En outre, un haut responsable de l'ONU a indiqué vendredi que le nombre de civils syriens assiégés a augmenté à 592 700 personnes en Syrie, en hausse de 75 000. Selon le patron des opérations humanitaires Stephen O'Brien, le précédent chiffre était de 517 700. Mais d'autres civils sont désormais pris au piège depuis mars dans le quartier d'Al Wa'er à Homs (centre), que l'armée régulière tente de reprendre. De ces 592 700, 452 700 sont assiégés par l'armée syrienne, notamment dans le banlieue rurale de Damas, 110 000 par le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique(EI-Daech) à Deir Ezzor (est), 20 000 par le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, et d'autres groupes à Foah et Kefraya dans la province d'Idleb et 10 000 par les forces gouvernementales et des groupes armés dans le camp palestinien de Yarmouk à Damas. Merzak Tigrine