Le SG du RND s'est violemment attaqué aux parlementaires qui ont lancé une pétition pour demander la tête de la ministre de l'Education nationale. Complot idéologique, crime, règlement de comptes..., le secrétaire général du Rassemblement national démocratique, Ahmed Ouyahia, n'a pas lésiné sur les mots, hier, pour dénoncer de manière frontale le scandale des fuites des sujets du bac, tout en prenant la défense de la ministre de l'Education nationale, Mme Nouria Benghabrit qui, a-t-il dit, "s'applique avec beaucoup de bonne volonté à mettre en œuvre un programme de réformes qui date depuis 2000 et qui, dès le début, était contesté par certains conservateurs". Pour le patron du RND, qui animait une conférence de presse à l'issue de la première session du conseil national de sa formation, "ce n'est pas la triche qui pose problème mais la politisation de la question", pointant du doigt une lutte idéologique de certains conservateurs et militants du courant islamiste. "Nous avons politisé à l'excès le système national de formation depuis maintenant plus de 20 ans et cela va de mal en pis", a reconnu M. Ouyahia qui n'a pas mâché ses mots pour dénoncer ce qu'il considère comme une "banalisation du crime" dans le pays. "Frauder est devenu un petit sport dans notre pays et, au moment où les autres créent de nouveaux moyens de communication pour avancer, en Algérie, j'ai l'impression que le téléphone mobile sert à faire des opérations de bavardage ou de fraude", a constaté le premier responsable du RND. Ce dernier s'est montré également critique à l'égard de la médiatisation qu'il estime démesurée de l'examen du bac. "Permettez-moi de dire en tant que SG d'un parti politique que je trouve excessif que chaque fois qu'on organise un examen, on donne l'impression que le pays se prépare à livrer une guerre avec des milliers de policiers et d'encadreurs mobilisés alors que c'est un exercice classique", s'est-il étonné. Le SG du RND, qui s'est montré loquace sur le sujet, n'a pas hésité un instant à prendre clairement la défense de la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, dans cette épreuve. "Elle était ciblée depuis le début. On l'a attaquée sur ses origines, sa famille. Il y a eu tolérance face au crime", s'est-il indigné. "Veut-on lui faire payer une facture sur le dos de plus de 800 000 candidats au baccalauréat ?", s'est-il interrogé, avant de s'en prendre vigoureusement aux détracteurs de Mme Benghabrit, notamment parmi les parlementaires qui ont lancé une pétition pour demander la tête de cette dernière. Qualifiant leur démarche de "règlement de comptes", M. Ouyahia a assuré qu'il aurait souhaité voir ces mêmes parlementaires demander "de revoir la législation dans le sens d'une plus grande sévérité des sanctions contre les fraudeurs". "Je ne les ai pas entendus sur ça", a-t-il déploré, tout en appelant, pour sa part, à des sanctions exemplaires contre les tricheurs. Interrogé sur la décision prise dans la matinée par le gouvernement de refaire certaines épreuves du baccalauréat 2016, le SG du RND a estimé qu'il s'agit là d'une "autre épreuve pour tous, le gouvernement, les parents d'élèves et les candidats". "Il faut gérer les conséquences de tout cela sur la préparation de la rentrée universitaire, et voilà ce que nous coûtent quelques caprices idéologiques", a-t-il regretté. Questionné sur la situation économique du pays, avec, notamment, cette actualité marquée par la chute drastique des recettes pétrolières, M. Ouyahia a estimé que le vent de la crise peut constituer "une bénédiction" au cas où on arriverait à "réhabiliter la valeur du travail et à diversifier notre économie". Pour lui, l'ère des prix élevés du pétrole fait désormais partie du passé et l'Algérie n'a d'autre choix que de trouver d'autres sources de financement pour son économie. "Les cours du pétrole ne reviendront jamais à leur niveau antérieur élevé que certaines circonstances avaient favorisé, d'où la nécessité de réhabiliter le travail pour construire une économie hors hydrocarbures forte et diversifiée", a-t-il recommandé, insistant sur l'encouragement de l'investissement national pour réduire les importations. Tout en reconnaissant l'existence de "pesanteurs" bureaucratiques et pointant du doigt "un déficit" de la part du patronat, M. Ouyahia a lancé un appel en direction du gouvernement pour "laisser les gens investir". Hamid Saïdani