Les fuites du bac sont l'oeuvre des conservateurs Son attaque contre le courant islamo-conservateur trouve sa justification dans les appels à la démission de la ministre proférés par certains parlementaires. Fraîchement sorti d'un conseil national qui a confirmé le renouvellement de toutes les instances dirigeantes de son parti, Ahmed Ouyahia était, hier, assez satisfait de son travail depuis son retour à la tête du RND. Dans la conférence de presse qu'il a animée, hier, il a, comme à son habitude, pleinement assumé le coup de jeune et la féminisation du parti, mais également son appartenance à la majorité et le soutien indéfectible qu'il apporte au gouvernement Sellal et, l'occasion s'est présentée, à la ministre de l'Education, confrontée aux fuites massives des sujets du baccalauréat. A ce propos, le secrétaire général du RND n'est pas allé par quatre chemins et a accusé ouvertement les partis islamistes d'avoir politisé l'Ecole algérienne. Il n'a certes pas soutenu que les fuites ont été organisées par ce courant idéologique, mais il a pointé un doigt accusateur en sa direction. Pour Ouyahia, la ministre de l'Education nationale «s'applique avec beaucoup de bonne volonté à mettre en oeuvre un programme de réformes qui date depuis 2000 et qui dès le début était contesté par certains conservateurs». Le propos est donc assez clair, le mobile identifié. Cette politisation place l'Ecole algérienne au centre des luttes idéologiques, donc politiques, soutient Ahmed Ouyahia suggérant que cette pression idéologique fait de l'école et des examens du baccalauréat un enjeu politique. «Je trouve excessif que chaque fois qu'on organise un examen on donne l'impression que le pays se prépare à livrer une guerre avec des milliers de policiers et d'encadreurs mobilisés alors que c'est un exercice classique», a-t-il noté, non sans regretter la politisation du «système national de formation à l'excès depuis maintenant plus de 20 ans et cela va de mal en pis». L'attaque d'Ouyahia contre le courant islamo-conservateur trouve sa justification dans les appels à la démission de la ministre proférés par certains parlementaires, alors que, dit-il, il aurait été plus logique que ces derniers s'intéressent à la législation afin de la revoir «pour imposer des mesures très sévères contre les fraudeurs». L'argument du patron du RND vaut ce qu'il vaut, mais sa conviction demeure ferme, à savoir que ce sont les islamistes qui sont à la manoeuvre dans ce scandale. «Il faut gérer les conséquences de tout cela sur la préparation de la rentrée universitaire et voilà ce que nous coûte quelques caprices idéologiques», relève-t-il, comme pour souligner les dégâts d'une idéologie passéiste. Toujours dans le registre de l'idéologie, l'ancien Premier ministre a encore dénoncé le Mouvement de l'autonomie de la Kabylie (MAK) et le Mouvement pour l'autonomie du M'zab (MAM) et même revendiqué le droit d'alerter l'opinion sur le danger que représentent ces deux mouvements politiques. Ouyahia estime que ne pas en parler ne les fera pas disparaître. «Le MAK est connu. Le MAM aussi. Il suffit d'aller sur le site Internet pour avoir une idée précise de leurs projets politiques». Pour Ouyahia, le sujet est public et ne pas l'évoquer ne rend pas service à la patrie. Il en veut même pour preuve que le MAK travaille à l'étranger. «Il a ouvert un bureau dans un pays voisin.» Ouyahia parle du Maroc sans le citer. Et d'ajouter: «Il peut ne pas être un danger aujourd'hui mais, il peut constituer un grand danger demain à cause de l'indifférence», a lancé le secrétaire général du RND, assurant que «la question de ces mouvements autonomes doit être prise en charge par la société». Concernant le rapport américain sur la situation sécuritaire en Algérie, Ouyahia relève la critique des Américains quant à la prévalence du commerce parallèle, suspecté d'être un moyen de financement du terrorisme, car contrôlé par les islamistes. Il y répond: «On peut aussi parler du financement du terrorisme par le commerce de la cocaïne ou de l'opium», allusion sans nuance à beaucoup d'Etats où le commerce de la drogue est florissant. Sur les questions économiques, le patron du RND assume les choix «impopulaires», notamment sur la retraite où il affirme tout de go être en faveur d'un relèvement de l'âge. Les arguments qu'il avance sont «froids». Il affirme que pareille mesure est «nécessaire pour préserver la sécurité financière de la Caisse nationale de retraite». Quant à la crise financière que traverse le pays, Ahmed Ouyahia note que «six mois après leur entrée en vigueur, l'impact des mesures prévues par la loi de finances 2016, ne s'est avéré néfaste ni pour les citoyens ni pour les transporteurs», mais a appelé à réhabiliter le travail et de se débarrasser de l'esprit de la rente pour relever les défis économiques.