Le recours par les terroristes de Daech aux attentats ciblés compliquera sérieusement la mission des services de sécurité français et exercera sur eux davantage de pression. Quelques mois après les attaques terroristes du 13 novembre dernier à Paris, qui ont coûté la vie à 130 personnes et blessé 350 autres, la France a été une nouvelle fois visée par l'organisation autoproclamée Etat islamique (EI/Daech). Mais cette fois-ci, l'organisation de Abou Bakr al-Baghdadi semble avoir changé de stratégie, en optant pour des attentats ciblés. Les victimes cette fois-ci, un policier et sa compagne, également fonctionnaire au sein de la police. Les événements ont eu lieu dans la nuit de lundi, durant laquelle Larossi Abballa, un jeune homme de 25 ans, a tué à coups de couteau un commandant de police de 42 ans avant de se retrancher au domicile de sa victime, situé à Magnanville, en région parisienne et d'être abattu lors de l'assaut des policiers d'élite du Raid. Dans la maison, le corps sans vie de sa compagne a été découvert "avec une plaie au coup" et l'enfant du couple assassiné retrouvé "indemne", mais en état de "choc", selon des sources policières. Le parquet antiterroriste s'est saisi le soir même de l'affaire et les perquisitions ont commencé dès le lendemain. Deux proches de l'auteur de cet ignoble crime ont été interpellés et seraient en train d'être auditionnés. Dans la vidéo postée sur facebook peu de temps après avoir commis son crime, Larossi prête allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi (chef du groupe de l'Etat islamique) et appelle les combattants de l'EI à "revendiquer l'attaque" et à "tuer des policiers, des journalistes, des personnalités publiques, des gardiens de prison et des rappeurs", a indiqué David Thomson, journaliste à RFI, qui a pu visionner la vidéo avant qu'elle ne soit supprimée quelques heures après sa diffusion. Sur le même compte facebook, le tueur a posté des photos de ses victimes. Au cours des négociations avec la police, le terroriste a affirmé connaître le statut de ses victimes et qu'il a agi sur ordre du chef de l'EI qui demandait à éliminer "les mécréants chez eux avec leurs familles". "Une liste de personnalités ou professions (rappeurs, journalistes, policiers) a été retrouvée sur les lieux du crime, trois téléphones et des couteaux, dont un ensanglanté, ont été saisis", a indiqué, hier, M. Molins, procureur de Paris. Originaire de Mantes-la-Jolie, à une soixantaine de kilomètres de Paris, Larossi Abballa était fiché pour radicalisation islamiste. Il avait été condamné en 2013 pour sa participation à une filière de recrutement de candidats au "jihad" au Pakistan. Lors de son arrestation en 2011, pour son lien avec un certain Mohamed Niaz abdul Rassed, l'inspirateur de ladite filière, la police découvre chez lui un agenda avec une liste de mosquées, de lieux touristiques et de commissariats dans les Yvelines. Cette attaque à l'arme blanche survient en plein Coupe d'Europe de football et à peine deux jours après la tuerie d'Orlando qui a fait 49 victimes et une cinquantaine de blessés dans un club de gay, revendiquée également par l'EI. Naima Aït Ahcene