Expert en relations de travail, Noureddine Bouderba a animé, dans la soirée de jeudi à vendredi, au siège du Parti socialiste des travailleurs (PST), une conférence durant laquelle il s'est employé à déconstruire "le discours néolibéral actuel". Chiffres à l'appui sur tout ce qui concerne les questions de retraite, de transferts sociaux et du monde du travail, l'ancien syndicaliste a indiqué que les Algériens font face aujourd'hui à une "offensive néolibérale contre (leurs) acquis sociaux (...) (qui) n'a rien à voir avec les prix du pétrole" et qui n'épargne aucun secteur social. Il a, outre, estimé que "la raréfaction des ressources n'est qu'un prétexte", puisque les réformes en chantier, loin d'être conjoncturelles, s'inscriraient dans le cadre d'un "nouveau projet de société qui remettra en cause l'Etat social inscrit dans la proclamation du 1er Novembre 1954". Noureddine Bouderba a relevé des "discriminations à plusieurs niveaux" dans les salaires (entre les travailleurs de la Fonction publique et ceux du secteur économique, entre les travailleurs du secteur public et ceux du secteur privé...). Depuis 5 ans, ajoutera-t-il, "en Algérie, la contribution des salariés au budget de l'Etat (IRG) a dépassé celle des entrepreneurs (IBS)". Noureddine Bouderba a aussi signalé "l'insignifiance" de la contribution du patronat et des entrepreneurs au budget de l'Etat, en se demandant "pourquoi le FCE se permet-il (...) de décider s'il faut supprimer les transferts sociaux ou augmenter l'âge de la retraite ?" Concernant l'avant‐projet du code du travail, il a alerté sur le risque de "régression sociale sans précédent" imposée par "les forces de l'argent". Quant à la récente décision de la tripartite (gouvernement, patronat et UGTA) de supprimer la retraite proportionnelle et sans condition d'âge, M. Bouderba a déclaré que les Algériens "ne pourront plus faire valoir leur droit à la retraite avant l'âge de 60 ans", sans exclure le relèvement de l'âge légal de la retraite de 60 ans à 65 ans. Néanmoins, il notera que la retraite anticipée "n'est pas supprimée" pour tout le monde ; c'est le cas des "cadres supérieurs de l'Etat et (des) députés" qui percevront la retraite sans condition d'âge "après seulement 20 ans de cotisation, dont 10 à un poste supérieur, avec une pension égale à 100% du meilleur salaire de la carrière". Soit "un salaire à vie". Selon lui, le discours sur le "vieillissement" de la population et le "choc démographique" qui guetterait l'Algérie en 2025 est "un discours de propagande", qui n'est appuyé par aucune étude récente et sérieuse. En marge de la rencontre, M. Bouderba nous a confié que la décision de la tripartite va "pénaliser" avant tout les travailleurs ayant commencé à travailler tôt et les moins bien payés. "Au final, on sera face à une discrimination indiscutable puisque l'ouvrier cotisera en moyenne 10 années de plus qu'un diplômé du supérieur, pour toucher une pension de retraite durant une période inférieure, en moyenne, de 7 ans à celle de ce cadre", a précisé notre interlocuteur. Hafida Ameyar