Jusqu'à hier, la guerre des mots pour convaincre les Britanniques s'est poursuivie par médis interposés et dans la rue. Près de 1 300 dirigeants d'entreprises, dont la moitié est cotée à la Bourse de Londres, ont proclamé qu'ils soutenaient le maintien du Royaume-Uni dans l'UE à la veille d'un référendum historique. L'avenir de la Grande Bretagne au sein de l'Union européenne se joue aujourd'hui, les Britanniques se prononcent pour ou contre le Brexit. Depuis des mois, un vif débat a enflammé la scène politique et médiatique britannique entre les partisans du maintien de la Grande Île au sein de l'UE et leurs opposants. Petit rappel des faits. À l'issue des négociations à Bruxelles le 19 février dernier, la Grande-Bretagne a réussi à obtenir un "statut spécial" au sein de l'Union européenne. Si ce référendum représente un pari risqué pour le Premier ministre David Cameron meneur de la campagne pour le "In" (maintien), il en est un autre pour Boris Johnson ex-maire de Londres, farouche partisan du "Out" (sortie). Sur le plan économique, les pro-Brexit estiment qu'une sortie de l'UE permettrait à la Grande Bretagne de récupérer sa contribution au budget européen, ce qui entraînerait une hausse de 0.6% à 1.6% du Produit intérieur brut (PIB), selon les prévisions du cercle de réflexion Open Europe. Pour le camp du "In", le Brexit provoquerait une baisse des investissements directs étrangers (IDE), évalués à 496 milliards de livres en 2014 et qui viennent pour 48% des pays de l'Europe au profit du reste de l'UE. Près de 45% des exportations britanniques se font vers l'Europe qui assure 55% des importations du Royaume-Uni. Le Brexit pourrait entraîner un manque à gagner de 0.8% à 2.2% pour la croissance et 7.7% pour le PIB, selon le dernier rapport de l'organisation de coopération et de développement (OCDE). Les deux camps divergent largement sur la question des réfugiés qui est un argument important dans cette campagne. Plus de 336.000 personnes sont arrivées au Royaume en 2015 dont 180.000 en provenance de l'UE. Pour les pro-Brexit, la reprise du contrôle des frontières limiterait l'afflux migratoire afin de réduire le paiement des aides sociales et de réserver les emplois aux Britanniques. Les partisans du maintien estiment que ces personnes majoritairement jeunes originaires de l'EU participent davantage en matière d'impôts et que leur contribution est 34% supérieure à ce qu'ils reçoivent, selon une étude du Centre pour la recherche et l'analyse des migrations en 2013. Les événements de Cologne en Allemagne, survenus le 31 décembre dernier, la jungle de Calais ou encore le projet d'adhésion de la Turquie à l'UE sont "autant de matière grasse pour animer les débats et inciter les Britanniques à faire leur choix". Début juin, les sondages donnent le camp du "Out" vainqueur. Pour certains, ce changement d'attitude des Britanniques est à lier avec la publication des derniers chiffres de l'immigration qui est devenu omniprésent dans tous les débats sur le Brexit, les questions économiques et politiques étant reléguées au second plan. Naima Ait Ahcene