Les fédérations nationales de l'UGTA sont contre la suppression de la retraite sans condition d'âge et n'ont pas hésité à le faire savoir à Abdelmadjd Sidi-Saïd lors d'une réunion tenue, mercredi à 22h, au siège de l'UGTA à Alger. Selon nos informations, lors de cette rencontre ayant regroupé le secrétariat de l'UGTA aux 33 secrétaires généraux des fédérations consacrées à ce sujet, les responsables des fédérations ont émis un seul avis favorable : l'annulation de "la retraite proportionnelle". Ainsi les fédérations, considérées comme les colonnes de l'organisation, ont pris leur distance vis-à-vis du secrétariat national de l'UGTA qui a approuvé, lors de la tripartite, la décision de suppression de l'ordonnance 97-13 du 31 mai 1997 instituant le départ à la retraite proportionnelle et la retraite sans limite d'âge. Certaines fédérations n'ont pas attendu cette réunion pour exiger "officiellement et solennellement le gel de cette décision", à l'image de la Fédération des pétroliers (FNTPGC) qui s'est déjà exprimée par communiqué. Il semble que les énormes pressions exercées par les travailleurs sur les fédérations et les syndicats d'entreprises ne sont pas étrangères à cette sortie des fédérations qui, habituellement, cautionnent les décisions de la Centrale syndicale. Pour justifier leurs positions, les responsables de fédération ont exprimé, lors de ce conclave, leurs inquiétudes sur les risques multiples qui peuvent découler de l'annulation de la retraite sans condition d'âge. Ils ont, toutefois, estimé nécessaire de supprimer la retraite proportionnelle pour assurer l'équilibre financier de la CNR. Une façon de ne pas contredire totalement Sidi-Saïd et le gouvernement. Mais cette proposition risque de ne pas contenter Abdelmalek Sellal pour qui le maintien de "la retraite sans condition d'âge" présente plus de risques pour l'équilibre financier de la CNR par rapport à la retraite proportionnelle très peu demandée par les travailleurs. Ainsi, l'idée avancée par Sidi-Saïd lors de sa rencontre avec les syndicalistes de Rouiba de prendre en compte la pénibilité dans le calcul du départ à la retraite n'a pas convaincu certaines fédérations. Il est à craindre une nouvelle saignée dans les rangs de l'UGTA comme le laissent entendre les différents rapports adressés à Sidi-Saïd par les syndicats de base qui ont fait part des difficultés à encadrer les protestations de leurs adhérents suite à l'annonce de cette décision. Commentant la proposition du gouvernement de prendre en compte la pénibilité de certains métiers, thèse défendue par l'UGTA à travers Lakhdar Badredine, certains syndicalistes ont émis des réserves, arguant que cette option risque de produire des inégalités entre les catégories professionnelles ou au sein d'une même entreprise. À noter que lors de cette réunion, Sidi-Saïd s'en est pris avec virulence au patron du FCE, Ali Haddad. "Ce bonhomme se croit chikour", a-t-il lâché, allusion à la proposition de prolonger l'âge de la retraite à 65 ans. Comme il a qualifié de caduque la circulaire du ministre du Travail qui gèle les dossiers de retraite de la Fonction publique, soulignant qu'il a obtenu des garanties pour que les travailleurs continuent de déposer leur dossier de demande de retraite. M. T.