Résumé : Après avoir ingurgité une infusion, Meriem est prise de fortes douleurs. Pis encore, une hémorragie se déclenche. Taos s'affole. La jeune fille est en train de mourir. La vieille Aldjia, un peu dépassée, reprend ses esprits et trouve enfin un remède pour arrêter les saignements. La jeune fille tente de se relever, mais un vertige aura vite fait de la faire basculer en arrière. Elle retombe sur son oreiller et reprend difficilement sa respiration. -Je me sens très faible. -Oui. Cela va de soi, tu as perdu beaucoup de sang. Il faut que tu manges pour reprendre des forces. Meriem lui prend le bras et se met à fureter dans son regard à la recherche d'une réponse à ses angoisses. Mais Taos baisse les yeux et secoue sa tête. -Non. Nous n'avons pas pu te débarrasser de cette calamité. La grossesse est avancée. Tu as même risqué ta vie. Meriem ferme les yeux et pousse un long soupir. Que va-t-elle devenir ? La question revenait tel un leitmotiv. Que va-t-elle devenir ? Taos lui serre le bras. -Ne te rends pas plus malade que tu ne l'es. Nous trouverons sûrement une bonne solution le moment venu. -Comment ferais-je pour mener cette grossesse à terme ? Et que deviendra le bébé ?, lance-t-elle d'une voix à peine audible. La vieille Aldjia qui s'était approchée des deux femmes intervient : -Dieu y pourvoira ma fille. Compte sur moi pour garder le secret. Personne n'en saura rien, je peux te le garantir. Taos rétorque : -Je resterai auprès de toi le temps qu'il faudra. Tu mèneras ta grossesse à terme, et nous aviserons par la suite. -Mon père sera là dans quelques jours. -Et alors ? Ton ventre n'est pas aussi visible que tu le penses. Cela ne se voit presque pas. Nous allons demander à Amar de te laisser parmi nous pour les prochains mois. Tu vas peut-être rater la prochaine rentrée scolaire, mais nous n'avons pas le choix. Meriem laisse tomber deux grosses larmes. Taos la serre contre elle. Elle comprenait son désarroi, et se révoltait intérieurement contre Houria. Cette mégère devrait payer pour tout le mal qu'elle a fait et qu'elle continue de faire. Dès ce soir, elle la mettra au courant de ce nouveau drame qui s'abattait sur la famille. Tant pis si elle réagissait agressivement. C'est elle la première inculpée dans cette affaire. Meriem n'est qu'une innocente victime. Comme elle était trop faible pour rentrer à la maison, Taos lui suggère de passer la nuit chez la vieille Aldjia. Elle resta auprès d'elle et lui fait avaler sa soupe et boire une bon tisane revigorante, avant de la border. Harassée tant physiquement que psychiquement, Meriem finira par s'endormir. Elle passe une nuit paisible et se réveille au petit matin un peu plus en forme. Elle se sentait certes encore faible, mais son visage avait repris des couleurs, et ses forces revenaient. Taos l'aide à s'habiller, lui met une écharpe sur la tête, avant de l'aider à redescendre à la ferme. Houria dormait encore. Taos aide Meriem à s'installer dans sa chambre et revient dans la cuisine pour faire bouillir du lait. Elle prépare une galette et dépose le tout sur un plateau avant de rejoindre la jeune fille. Cette dernière met une main devant sa bouche et refuse le petit-déjeuner. Taos s'emporte : -Meriem ! Tu devrais manger si tu veux reprendre des forces. Tu es enceinte. Tu devrais faire l'effort de manger pour deux. La jeune fille s'assoit dans son lit et croise les jambes. Jamais elle n'aurait pensé qu'un jour elle allait subir une telle épreuve. Jamais ! -Allez, ma fille ! Il faut manger, insiste Taos, qui lui tendait le bol de lait et une tranche de galette. Meriem tente d'avaler les premières bouchées, puis repousse la main de Taos : -Je n'ai pas faim. -Tu devrais te forcer à terminer ton petit-déjeuner Meriem. Au moins termine ton lait. -Je ne peux plus rien avaler. Rien ne passe. Ma gorge est nouée. Taos dépose le bol sur la table de nuit et lance d'une voix autoritaire : -Ecoute-moi bien, jeune fille. Tu es dans de beaux draps, je le conçois, mais ton refus de t'alimenter ne fera qu'aggraver les choses. Tu vas devoir mener ta grossesse à terme. Sans cela, tu feras sûrement une autre hémorragie, et nous serions dans l'obligation de t'évacuer à la polyclinique. Tout le village saura alors que la fille du respectueux Si Amar est enceinte. C'est ce que tu veux ? (À suivre) Y. H.