Les entreprises, notamment privées, vont avoir de plus en plus de mal à obtenir des crédits. Elles commencent déjà à ressentir cette difficulté. C'est du moins ce qu'a indiqué Samy Boukaïla, président de BKL Industrie et cofondateur du Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care), sur Radio M, la webradio du journal électronique Maghreb Emergent. M. Boukaïla estime que "la raréfaction de la ressource financière, dont une grande partie sera happée par les besoins de financement du budget de l'Etat, va faire que les entreprises vont avoir plus de mal à obtenir un crédit". Le président de BKL Industrie pense que probablement, du fait de la volonté de diversification de l'économie affichée par les pouvoirs publics, des financements seront disponibles pour les industriels de grande taille. "Mais pour les petites entreprises, ça va être la galère", a-t-il prévu. M. Boukaïla regrette "les réactions intuitives" face à la chute des revenus d'exportation de l'Algérie. Il estime que la réduction des dépenses et des importations... impactera le développement et l'emploi. "C'est une vision à très court terme", a-t-il soutenu. Pour lui, "il faut garder son sang-froid et prendre du recul", suggérant "des actions réfléchies, contre-intuitives". Le cofondateur de Care plaide, également, pour l'ouverture du secteur financier algérien, "pour que d'autres banques puissent s'installer", relevant qu'aujourd'hui, "l'offre bancaire est réduite". Samy Boukaïla estime, par ailleurs, que l'échec de l'introduction en Bourse de la société de ciment d'Aïn El-Kebira "n'est que le résultat du management actuel du financement de l'économie par l'omnipotence de l'Etat à travers ses banques et ses assurances". Et d'ajouter que les banques et les assurances publiques "qui ont les plus grosses offres en termes financiers ne sont pas cotées à la Bourse d'Alger". Le président de BKL Industrie estime qu'"il faut absolument démocratiser le financement de l'économie et permettre aux fonds étrangers de venir à la Bourse d'Alger pour fructifier leur argent". M. Boukaïla plaide, également, pour la convertibilité du dinar pour attirer les IDE et les fonds qui vont financer l'économie algérienne. Il a, toutefois, souligné la nécessité de mettre en place les préalables pour la convertibilité du dinar. Samy Boukaïla a critiqué la dernière directive de la Banque d'Algérie qui oblige les exportateurs à payer avec leurs devises les importations des matières premières. "C'est une mesure contre-productive", a-t-il jugé. Le président de BKL Industrie a estimé également que l'augmentation de la quote-part des entreprises dans le financement de la sécurité "est un mauvais signal", au moment où le gouvernement invite les employeurs "à sortir de l'informel et à déclarer les salariés". M. R.