Les partenariats publics-privés (PPP) peuvent-ils constituer une solution pour le financement de projets d'infrastructures publiques, au moment où l'Algérie est confrontée à la baisse de ses revenus, conséquence de la chute des prix du pétrole ? Pour le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care), "l'Algérie se doit d'envisager les partenariats publics-privés (PPP) et pourquoi pas un cadre législatif qui donnerait plus de flexibilité que le code des marchés publics". Le think-tank, qui a organisé, hier, à l'hôtel Hilton (Alger), une rencontre sur cette question, animée par Jean-Michel Mas, expert senior auprès, entre autres, de la Banque mondiale, estime que ce type de partenariat permet de mobiliser toutes les ressources humaines et financières (publiques, privées, internationales), et évitent ainsi les ruptures coûteuses dans les programmes d'investissements publics en infrastructures économique ou sociale durant les périodes de récession et de réduction budgétaire. Le P-DG de BKL Industries, Samy Boukaïla, précise que Care aborde les partenariats publics-privés dans le sens non pas d'une solution à une crise budgétaire, mais davantage comme un moyen d'optimisation des ressources. "Le PPP est un arrangement contractuel sur le long terme par lequel le secteur public transfère au secteur privé tout ou partie des responsabilités de conception, de financement, de construction, d'exploitation et de maintenance d'une infrastructure économique ou sociale", explique Jean-Michel Mas. L'expert indique que contrairement aux idées reçues. Les contrats PPP permettent aux gouvernements de déterminer eux-mêmes les tarifs des usagers et les niveaux de standard à atteindre et les normes à respecter. Le gouvernement est toujours impliqué dans la supervision du contrat PPP et s'assure ainsi que les objectifs de service public sont bien respectés. Selon M. Mas, Il est courant de voir des acteurs internationaux s'associer à des entreprises locales qui ont une bonne connaissance du terrain. Cela mène souvent à des transferts d'expertises, voire la création de nouveaux "champions" locaux en infrastructures. L'expérience internationale montre, en outre, que les PPP sont créateurs d'emploi à la fois durant la construction et l'exploitation. "L'expérience montre que malgré les coûts de financement plus élevés, les PPP sont profitables pour le gouvernement du fait des gains d'efficacité apportés par le secteur privé", estime l'expert. Parmi les bénéfices attendus des PPP, Jean-Michel Mas cite, entre autres, l'amélioration des services d'infrastructures économiques et sociales au bénéfice des usagers et l'optimisation de l'allocation des ressources financières de l'Etat par la limitation du recours à la dette publique via la mobilisation du financement privé. Cependant, malgré un certain succès dans certains pays cet outil est aujourd'hui à la croisée des chemins, au cœur d'une controverse sérieuse entre bilan contrasté et utilité reconnue. En tout état de cause, Un cadre légal spécifique pour les PPP, qui n'existe pas aujourd'hui en Algérie, est nécessaire. L'expert insiste surtout sur l'importance d'un marché financier dynamique pour la réussite d'un partenariat public-privé. M. R.