George Bush a réussi sa visite en Europe. » C'est le constat de la majorité des politiques et journalistes qui ont suivi cette rencontre - traditionnelle - entre l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis, mais qui a revêtu, cette fois, une importance capitale aussi bien pour les protagonistes que le reste du monde. Que ce soit à l'OTAN ou au Conseil européen, George Bush a surpris les 25 chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE par le contenu de son discours et la forte conviction avec laquelle il l'a habillé. Hier matin, au siège de l'Otan, George Bush a insisté sur la menace terroriste mondiale et la nécessité d'impliquer davantage l'organisation dans la lutte antiterroriste. Les Américains désirent également la participation active de l'Otan en Afghanistan, que ce soit pour le maintien de la paix ou la formation des forces militaires afghanes. En Irak, c'est la même demande : que l'Otan « soulage » les alliés de la guérilla irakienne et s'implique dans la formation et l'assistance technique. Ni le secrétaire général de l'Otan, ni le président français Jacques Chirac, qui ont pris la parole, n'ont opposé de réelles résistances. Ils se sont au contraire inscrits dans cette perspective. Mais les points sur lesquels le Président américain est apparu avec du nouveau, et plus incisif, ont concerné la Syrie, la Palestine et l'Iran. « L'UE doit être plus ferme et faire pression sur la Syrie pour qu'elle évacue immédiatement le Liban », a-t-il déclaré à Bruxelles, avant d'ajouter : « C'est un pays qui, par son soutien au terrorisme, empêche la paix israélo-palestinienne. » La France s'est jointe à cette position dans une déclaration commune à l'issue de la rencontre Bush-Chirac à Paris, dès lundi soir. Sur la question iranienne, l'attitude des Américains est sans concession. « L'Iran doit désarmer et se soumettre au contrôle international », a déclaré le Président américain. Face à cet appel à plus de fermeté de l'UE, les Etats-Unis ont réaffirmé leur engagement pour la construction d'un Etat palestinien démocratique et indépendant et pour une paix durable au Moyen-Orient. Dans l'après-midi, au siège du Conseil européen, les officiels américains et européens se sont entretenus sur les questions économiques afin de promouvoir l'Agenda Trans-Atlantique (NAT) ouvert en décembre 1995 à Madrid. Tant sur les problèmes liés à l'environnement (processus de Kyoto) que ceux sur la libéralisation du commerce international (OMC), l'UE a engrangé quelques concessions américaines. Les Etats-Unis ont promis de revoir leur position sur l'accord de Kyoto et d'assouplir les barrières douanières sur les secteurs stratégiques tels que l'agriculture. Sur ces questions, il est vrai, l'UE est la première puissance économique mondiale, et les Etats-Unis doivent en tenir compte : 649 milliards de dollars investis annuellement en Europe contre 889 milliards d'euros. Mais à côté de ce maigre avantage à l'UE, George Bush a réussi cette première passe pour rallier l'Europe à ses principes. De plus, le Président américain a compris que la locomotive de l'UE, c'est le couple franco-allemand, et c'est pour cela, sans doute, qu'il a programmé une rencontre bilatérale avec Chirac lundi et avec Shroeder aujourd'hui. Tranquillisé, il rencontrera le Russe Vladimir Poutine demain. Il aura alors gagné une deuxième passe, celle d'impliquer la communauté internationale dans les grands enjeux américains.