À un peu plus d'un mois des présidentielles américaines, le patron de la Maison- Blanche passe du dossier soudanais à celui du nucléaire, dans l'espoir de faire plier les mollahs. Des menaces de sanctions adressées par le biais du Conseil de sécurité de l'ONU au Soudan, le président des Etats-Unis est directement passé au dossier du nucléaire iranien qu'il considère comme prioritaire, contrairement à l'avis du directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea). Mohamed El-Baradeï estime, en effet, que le programme nucléaire iranien ne constitue nullement “une menace imminente”. En dépit de cela, George Bush met un point d'honneur à empêcher Téhéran, qu'il classe dans la catégorie des “Etats voyous”, d'acquérir l'arme nucléaire. Cet objectif est en tête de ses priorités, affirme-t-on dans son entourage immédiat. Usant du poids de son pays au sein de l'Aiea, le président US a fait voter par cette instance une résolution exigeant des mollahs de clarifier “impérativement” la nature de ses recherches nucléaires avant la prochaine réunion de l'Aiea. Comme celle-ci est prévue pour le 25 novembre 2004, l'Iran n'a que deux mois pour convaincre de sa bonne foi, surtout que Bush sera toujours dans le bureau ovale pour maintenir la pression, même en cas de défaite lors des élections présidentielles américaines qui se dérouleront le 2 du même mois. N'ayant pas assez d'éléments en main pour envoyer le dossier dès maintenant devant le Conseil de sécurité des Nation unies, le chef de la Maison-Blanche maintient la pression sur le régime de Mohamed Khatami avec le soutien des Européens. Il prend cependant le soin d'éviter de prendre des décisions susceptibles de créer une forte tension internationale, dont l'ampleur pourrait se répercuter négativement sur ses chances de réélection. Cette approche est, semble-t-il, justifiée par la crainte de voir les Iraniens recourir à des opérations de déstabilisation en Irak où la situation est plus que préoccupante pour l'Administration Bush. Dans l'optique de calmer la tension dans la région sans cependant relâcher la pression sur les mollahs, les Etats-Unis se contentent de procéder par étape. Accusant l'Iran de préparer la production d'armes de destruction massive sous le couvert d'un programme nucléaire civil, Washington suit l'évolution du dossier de très près. Devant les difficultés que présente ce dossier depuis des mois, Bush espère parvenir à mettre la main sur la preuve irréfutable, qui lui permettra de dire avec certitude que les mollahs sont sur le point de se doter de l'arme nucléaire. Son échec à démontrer que Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive le bloque pour le moment. Face à l'opposition de la France, de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne, il a dû faire l'impasse sur son option visant à changer le régime iranien par la force pour éviter une crise majeure qui risque de remettre en cause les alliances internationales. Il ne fallait pas également qu'il offre à son rival dans la course présidentielle une occasion de le discréditer en cette période post-électorale cruciale. K. A.