Une stratégie de rationalisation de la consommation d'eau s'avère urgente et nécessaire pour réduire le gaspillage et les déperditions d'eau surtout en agriculture et dans les ménages. L'eau est rare dans nos nappes, c'est une réalité, mais la sensibilisation à l'importance de cet élément vital l'est tout autant dans les esprits. Tout cursus d'économie commence par une approche de la notion de rareté. Un élément acquiert de la valeur quand il se raréfie. Aujourd'hui, l'eau se raréfie et c'est une réalité palpable chaque jour à Bordj Bou-Arréridj. Avons-nous le droit de gaspiller de l'eau, une source de vie précieuse qui plus est, dans un pays de stress hydrique avec plus de 2/3 du territoire quasi désertique ? Non certes, mais d'abord il convient de faire certains constats consternants. Nombreux sont les Bordjiens qui voient tous les jours un rituel qui nous emplit de tristesse, été comme hiver, le gaspillage de l'eau à travers un arrosage des "espaces verts" de nos villes, en fin de matinée, c'est-à-dire au moment où l'évaporation tend à être maximale, rendant, donc, tout arrosage vain. D'énormes quantités d'eau tendent à être gaspillées du fait d'usages non optimisés ou non réalisés, est-il nécessaire de rappeler les pertes dues au mauvais état des réseaux d'adduction d'eau, avoisinant les 40%, ce qui est énorme. Ainsi, 70% de notre consommation d'eau va à l'agriculture, où l'on estime le gaspillage d'eau d'irrigation à 50%, à cause de la persistance de la méthode d'inondation par planche au lieu du goutte-à-goutte, ceci outre le transport d'eau par séguias en terre au lieu des canalisations. Multiplication des piscines privées qui sont des gouffres de déperdition d'eau. On continue à laver les voitures à l'eau courante et à grand jet : d'où une grande perte, alors que deux seaux suffisent. Pendant ce temps-là, évolution démographique et changement climatique aidant, le capital eau par habitant disponible a été divisé par 100 depuis les années 60. Les autorités ont réussi des réalisations notables en termes d'accessibilité du plus grand nombre de nos concitoyens à l'eau potable avec des impacts non seulement sur les indicateurs de santé publique mais aussi sur la stabilité de la population. Une stratégie de rationalisation de la consommation d'eau s'avère urgente et nécessaire pour réduire le gaspillage et les déperditions d'eau surtout en agriculture et dans les ménages. Devant cette situation il faut envisager de mener une campagne intensive pour sensibiliser les citoyens, en commençant par les élèves dans les écoles : une véritable culture de l'économie de l'eau doit être instaurée parmi la population. Il faut aussi que la police des eaux s'active et verbalise les gaspilleurs, surtout ceux qui puisent dans les nappes. Chabane BOUARISSA