La nouvelle loi remet en cause ce statut qui a le mérite d'avoir existé après un flou qui a duré pendant des décennies, faisant de Sonatrach une sorte d'Etat dans l'Etat sans possibilité de la soumettre au moindre contrôle. Désormais, ses relations avec l'Etat sont plus clairement définies. Le projet de loi sur les hydrocarbures, vigoureusement combattu par l'UGTA dans un premier temps, a été finalement adopté après une lutte qui a consacré la défaite de la Centrale syndicale. La procédure n'est, bien sûr, pas terminée puisque le texte doit être débattu par le parlement avant qu'il soit promulgué et qu'il prenne force de loi. En attendant, personne ne mise sur un remaniement important du projet de Chakib Khelil qui, dans cette bataille, s'est montré plus pugnace que Sidi-Saïd. Sans juger le contenu de la loi, il est heureux de constater qu'il est des gestionnaires du secteur public qui savent croiser le fer et défendre leurs idées sans s'abriter d'emblée derrière la camisole de la force publique. À sa décharge, le ministre de l'Energie a fait montre d'une grande activité pour expliquer son projet sans se retrancher directement derrière la citadelle présidentielle comme il aurait pu le faire en sa qualité de ministre réputé proche de Bouteflika… Ce qu'il faudra retenir de cette confrontation, c'est l'inélégance avec laquelle l'UGTA a abandonné la partie. Elle pourra, bien sûr, invoquer la sauvegarde de Sonatrach dans le giron de l'Etat et la préservation de l'emploi au sein de ce géant qui procure à la nation 60% de ses recettes fiscales. C'est un argument bien spécieux. Le projet de Khelil n'a jamais envisagé de privatisation de la puissante compagnie publique qui n'a été dotée d'un premier statut que récemment, sous la présidence de Liamine Zéroual et d'Ahmed Ouyahia. La nouvelle loi remet en cause ce statut qui a le mérite d'avoir existé après un flou qui a duré pendant des décennies, faisant de Sonatrach une sorte d'Etat dans l'Etat sans possibilité de la soumettre au moindre contrôle. Désormais, ses relations avec l'Etat sont plus clairement définies. Même au prix de quelques privilèges conservés, elle en est un simple partenaire. Comme peut l'être une compagnie étrangère souhaitant investir dans le secteur des hydrocarbures en Algérie. Le projet de Khelil est une loi libérale qui ôte à Sonatrach la protection de l'Etat. Pour ne pas profiter des privilèges accordés à ses propres salariés, tous les Algériens ne pleureront pas cette disparition. En ce sens, le projet de loi sur les hydrocarbures est porteur d'une certaine équité. Y. K.