Dans un premier temps, on trouve les chiffres dévoilés en avril dernier par le ministère des Finances lui-même(DGPP). Pour les 2 premiers mois de l'année 2016, les finances de l'Etat affichent très officiellement une croissance exponentielle des dépenses d'équipement (plus de 200% d'augmentation par rapport à la même période de 2015) et un déficit record mesuré à plus de 14 milliards de dollars. Stupéfaction dans les milieux financiers et les médias algériens qui évoquent immédiatement un "dérapage" incontrôlé des dépenses publiques. L'explication est donnée quelques jours plus tard par le ministre du Budget en personne. Le ministère des Finances a décidé d'inscrire en dépenses, au premier trimestre 2016, tous les restes à réaliser de 2014 et 2015. Ce qui donne aux dépenses publiques des premiers mois de 2016 un profil qui n'est évidemment pas extrapolable à l'ensemble de l'année. Cette démarche est en droite ligne avec la politique annoncée depuis l'été dernier et l'adoption de la LFC 2015. Le gouvernement explique en substance depuis plusieurs mois que "tous les projets en cours d'exécution seront achevés mais que les nouveaux projets seront examinés au cas par cas et financés en priorité par des ressources non budgétaires". Pas de risque donc de "dérapage" des dépenses d'équipement de l'Etat en 2016. Dépenses d'équipement de l'Etat : il faut plutôt s'inquiéter de leur diminution à venir C'est même le problème inverse que va, bien sûr, rencontrer l'économie algérienne dès cette année et au cours des prochaines années. Lorsqu'on fera les comptes à la fin de l'année, les dépenses d'équipement de l'Etat, et donc les commandes publiques, seront très certainement en baisse, comme prévu par la désormais célèbre loi de finances 2016. Elle seront même en baisse de plus de 15 % ; ce qui ne manquera pas d'avoir des conséquences sur l'activité économique et l'emploi. Les collectivités locales premières touchées en 2016 Si les grands chantiers, engagés souvent de longue date, continueront donc d'être menés à leur terme, l'un des secteurs les plus touchés et le plus rapidement et visiblement impacté sera certainement celui des collectivités locales dont les chantiers sont souvent à cycle court. Finie l'époque où le Premier ministre sillonnait le pays et distribuait des enveloppes supplémentaires dans chaque wilaya. Le ministère de l'Intérieur vient d'instruire les wilayas qu'elles devront désormais "compter surtout sur elles- mêmes". H. H.