Les ressources de l'épargne publique accumulées au cours de la dernière décennie au sein du Fonds de régulation des recettes (FRR) fondent comme neige au soleil. Les chiffres publiés cette semaine par la direction générale de la prévision et des politiques (DGPP), relevant du ministère des Finances, en sont la parfaite illustration. Face à des revenus de la fiscalité pétrolière qui plongent en raison de la chute drastique des cours du brut, le recours aux ressources du FRR afin d'éponger le déficit du Trésor public est massif, sans que le Fonds ne soit réalimenté pour autant. En effet, selon les données du ministère des Finances, le recours aux ressources du FRR a induit le prélèvement de pas moins de 1200 milliards de dinars durant les neuf premiers mois de l'année en cours. Bien que le département de Abderrahmane Benkhalfa ne fournisse aucun élément clair quant aux ressources restantes du FRR, le bilan de la DGPP fait ressortir le fait qu'aucune plus-value de la fiscalité pétrolière n'a été versée au Fonds, du moins jusqu'au mois d'août 2015. Le FRR étant alimenté par le surplus de fiscalité non budgétisée, au-delà d'un prix du baril à 37 dollars, la situation actuelle est induite par une forte baisse de la fiscalité pétrolière recouvrée. Les revenus libellés en dinars sont ainsi passés d'un peu plus de 2600 milliards de dinars au mois d'août 2014 à moins de 1700 en 2015, soit une baisse de près de 30% de la fiscalité pétrolière. Une situation qui n'a d'ailleurs pas permis de réalimenter le FRR au mois d'août, ce qui est un fait inédit depuis de nombreuses années. Cependant, les chiffres du ministère des Finances reflètent mal l'ampleur du choc induit par la baisse des cours du brut et qui a entraîné une baisse de près de 50% des revenus d'exportations de l'Algérie. Le fait est que l'impact sur les ressources de la fiscalité pétrolière a été légèrement contenu par la forte dépréciation du taux de change du dinar face au dollar. Les chiffres publiés par le ministère des Finances font ressortir que le taux de change moyen de la monnaie nationale est passé de 79,94 DA pour un dollar en octobre 2014 à 99,78 DA pour un dollar en 2015, soit une dépréciation de près de 25% sur la période citée. Les chiffres du ministère des Finances font également état d'une légère hausse de la fiscalité pétrolière versée au budget en septembre (+9%), laquelle en plus d'une forte hausse des recettes ordinaires (+18,5 %) a permis par un jeu d'écritures comptables de contenir le déficit global du Trésor et même de le réduire. Malgré une légère hausse des dépenses budgétaires (+9,6 %), le déficit global du Trésor a baissé de près de 3%. Notons que la DGPP, qui reprend les données du ministère de l'Energie, précise le prix moyen du baril de pétrole algérien pour les dix premiers mois de l'année est passé de plus de 104 dollars en 2014 à moins de 55 en 2015. Autant d'indicateurs qui laissent à penser que la conjoncture risque de s'aggraver d'ici à la clôture de l'exercice 2015 et en 2016, sachant que les prix du brent touchent aujourd'hui les 36 dollars. Notons que, selon les prévisions de la loi de finances 2016 assises sur un prix moyen du baril à 45 dollars, les ressources du FFR devraient baisser à 3081,9 milliards de dinars à fin 2015 et à 1 797,4 en 2016.