Les prénoms Arezki (variante Razik) et son pendant féminin, Rzika (variante Razika) proviennent de la racine arabe RZQ, dont le verbe est razaqa : "pourvoir quelqu'un en biens, donner la subsistance (en parlant de Dieu), donner à manger, accorder quelque chose à quelqu'un". Le nom qui a fourni les prénoms, râziq, signifie : "qui fournit de quoi vivre, qui nourrit". Un autre nom courant issu de cette racine est Abd-Razzak, "serviteur, esclave du Pourvoyeur", c'est-à-dire Dieu. Parmi les Arezki célèbres, il y eut Arezki L'bachir, un bandit d'honneur qui écuma les forêts de Kabylie et mena la vie dure aux autorités coloniales. Né à Bou Hini, non loin de Azazga, au milieu du XIXe siècle (on avance 1854, 1857 ou 1859), il travailla dans l'administration forestière en tant que chef de chantier de débâtelage de liège. Selon la version de l'administration coloniale, c'est à la suite d'un voyage à Alger où il fut accusé de vol, qu'Arezki s'était rebellé. Mais la version qu'il donne lui, lorsqu'il fut jugé, est toute différente : "Si j'ai pris la forêt, à qui la faute ? À l'administration. Mon père était propriétaire de cent cinquante hectares de terres, il avait des oliviers, des figuiers ; il pouvait faire des céréales. Petit à petit, il a été dépouillé par les Domaines, par les agents forestiers, par les "amine" alliés aux administrateurs des communes mixtes. À ces gens, il faut sans cesse donner de l'argent, des moutons, des chèvres, de la volaille. Mon père et mon grand-père ont toujours refusé : j'ai suivi leur exemple. Alors commença contre ma famille une guerre sourde, acharnée, de la part de ces prévaricateurs". C'est donc contre les exactions de l'administration coloniale qu'Arezki se révolta et contre une accusation de vol. Avant qu'il ne gagne la forêt, d'autres révoltés s'y étaient déjà réfugiés. Il réussit à les rassembler et à en prendre la tête. Ses troupes ne s'attaquaient qu'à l'administration et à ses collaborateurs, et une partie des biens subtilisés était répartie à la population. Par défi, Arezki et ses hommes circulaient dans les villages et les marchés, ils assistaient également aux fêtes. Les Français avaient multiplié des descentes dans les villages, dans l'espoir de l'intercepter mais il parvenait toujours à s'échapper. Tous ceux qui étaient soupçonnés de le recevoir étaient arrêtés. Des renforts militaires furent envoyés d'Alger pour soutenir les troupes locales. Plusieurs membres du groupe d'Arezki furent tués ou arrêtés, il finit lui-même par être pris. Jugé, il fut condamné à la peine capitale et décapité le 14 mai 1895 à Azazga. M. A. Haddadou [email protected]