Le parti au pouvoir en Turquie a étendu, hier, jusque dans ses propres rangs, la purge des sympathisants du prédicateur exilé aux Etats-Unis, Fethullah Gülen, qui a réagi vivement après le mandat d'arrêt émis à son encontre par Ankara. Les relations d'Ankara avec les capitales étrangères ne se sont pas améliorées tandis que de vifs échanges avaient lieu avec Vienne et que Washington ne confirmait pas la visite en Turquie de son secrétaire d'Etat, John Kerry. Le Parti de la justice et du développement (AKP) a ordonné que ses rangs soient "nettoyés" des sympathisants du prédicateur Fethullah Gülen accusé d'être derrière le coup d'Etat depuis son exil en Pennsylvanie, a annoncé l'agence progouvernementale Anatolie. L'AKP va ainsi être également touché par la traque implacable menée depuis le coup d'Etat raté du 15 juillet et qui s'est soldé par au moins 60 000 limogeages, arrestations et gardes à vue — surtout dans l'armée, la justice, la presse et l'éducation. Signée par le numéro deux du parti, Hayati Yazici, une circulaire de l'AKP "ordonne l'urgent nettoyage de l'organisation du parti, afin d'en éliminer ceux qui sont liés à l'organisation terroriste Fethullah". Cette appellation a été forgée par Ankara pour désigner les "gülénistes", accusés d'avoir noyauté les institutions et la société turques en créant un "Etat parallèle". M. Gülen était un proche allié de M. Erdogan avant leur rupture en 2013 après un scandale de corruption. Il a vivement réagi hier à l'annonce que la Turquie venait de lancer contre lui un mandat d'arrêt dans la perspective d'une demande officielle d'extradition auprès des Etats-Unis. "Le système judiciaire turc n'est pas indépendant, donc ce mandat d'arrêt est encore un exemple de la tendance du président Erdogan à l'autoritarisme et aux écarts vis-à-vis de la démocratie", a-t-il dit dans un communiqué. M. Gülen a rappelé avoir "condamné à plusieurs reprises la tentative de coup d'Etat" et nié "toute implication". La purge en cours, qui a provoqué de vives protestations à l'étranger, n'a encore touché que "le sommet de l'iceberg", a averti jeudi soir le président Erdogan. Vendredi, 12 des 14 journalistes du quotidien Zaman qui étaient en garde à vue ont été placés en détention préventive. R. I./Agences