L'Italie a déjà été avertie par les services de renseignement allemands sur le risque d'attentats terroristes sur son sol, notamment dans les stations balnéaires durant la saison estivale. L'Italie serait-elle la prochaine cible du groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI/Daech) ? C'est ce qui ressort des documents découverts par les services de renseignement libyens qui ont averti leurs homologues italiens sur l'existence d'une cellule terroriste de Daech à Milan, a révélé, hier, le quotidien italien le Corriere della Sera. Les documents ont été découverts à Syrte, où l'armée libyenne avance ses pions dans une ultime bataille contre la branche locale de Daech, acculée depuis quelques jours dans ses derniers retranchements, selon les médias locaux. Selon le quotidien italien, cette cellule est dirigée depuis la Libye et a pour chef le terroriste tunisien qui dirige Daech en Libye. Il s'agit de Moez Ben Abdelkader Fezzani, au nom de guerre d'Abou Nassim, un Tunisien de 47 ans au long parcours terroriste qui passe par l'Afghanistan, la Syrie, puis la Libye où il est désigné à la tête de l'Ei en 2014. Arrêté puis relâché par les autorités italiennes en 1997 après avoir tenté de rejoindre les groupes terroristes à Peshawar au Pakistan, il sera arrêté par les Etats-Unis en 2001 et emprisonné par la CIA à Bagram en Afghanistan. En 2009, il est remis aux autorités italiennes avec deux autres détenus de Guantanamo, ajoute le journal italien. À Rome, la justice italienne l'acquitte en 2012, en première instance, dans une affaire de recrutement des candidats au jihad pour la Bosnie et l'Afghanistan. Mais le ministère italien de l'Intérieur prononce son expulsion dans son pays d'origine, la Tunisie, d'où il a repris le chemin du "jihad" vers la Syrie, en rejoignant les rangs de la branche syrienne d'Al-Qaïda (le Front al-Nosra). Dans l'intervalle, il a pris le temps de former un réseau de recrutement en Tunisie. Son appartement à Milan a servi de quartier général, selon des sources sécuritaires, pour son réseau de recrutement, avec son colocataire Lassaad Sassi, mort en décembre 2006 à Tunis, dans une tentative d'attaque contre les bâtiments publics, a révélé encore le Corriere della Sera. La découverte de ces documents ne constitue pas vraiment une surprise, mais elle est une preuve supplémentaire sur les intentions de Daech de s'en prendre à l'Italie après avoir ciblé la France en novembre 2015 et la Belgique en mars 2016. L'Italie a déjà été avertie par les services de renseignement allemands sur le risque d'attentats terroristes sur son sol, notamment dans les stations balnéaires durant la saison estivale. Daech aurait décidé de mener des attaques sur les plages italiennes, françaises et espagnoles, selon les notes transmises par les Services de renseignement allemands, dont le pays a été aussi la cible de plusieurs attaques terroristes en juillet dernier, revendiquées par Daech. Mais les craintes de l'Italie se concentrent sur l'existence de menace d'attaque par des "loups solitaires" se revendiquant de l'organisation terroriste d'Abu Bakr al-Baghdadi. Ces "loups solitaires" pourraient se glisser parmi les réfugiés et les migrants qui quittent la Libye, où se trouve Abou Nassim, la tête pensante de l'EI dans ce pays voisin. Lyès Menacer