C'est au large des côtes algériennes qu'un nouveau drame de l'immigration clandestine a pris fin hier de façon tragique et dramatique. En effet, les gardes-côtes algériens, basés au niveau d'Oran, ont, dans la journée d'hier, procédé à une opération de sauvetage à quelque 70 km au nord des côtes de Béni Saf en parvenant à secourir 26 clandestins se trouvant à bord d'un Zodiac à la dérive. Malheureusement deux d'entre eux sont décédés, dont l'un mourra durant son transfert vers Oran, les sauveteurs n'ayant rien pu faire pour lui étant donné son état grave. Il faut dire que ces 26 rescapés dérivaient sans eau et sans nourriture depuis 9 jours, à bord de leur embarcation. Partis du Nador, au Maroc, avec comme objectif d'atteindre les côtes espagnoles, leur “voyage” se transforma en cauchemar lorsque le moteur du Zodiac tomba en panne. Dès lors, ils dérivèrent poussés par les courants et les vents violents et glacials qui balaient la Méditerranée ces derniers jours. Selon les témoignages de certains rescapés qui arrivaient à s'exprimer par bribes, au départ du Nador, ils étaient 40 à 42 candidats à l'immigration clandestine entassés dans le Zodiac. Il n'y a quasiment aucune chance de retrouver les autres clandestins puisque seuls 26 sont aujourd'hui sains et saufs aux UMC d'Oran. Ces 26 miraculés, dont la moyenne d'âge est de 25 à 30 ans, représentent pas moins de 5 nationalités, avons-nous appris auprès des autorités algériennes. Il y a 14 personnes du Bangladesh, 4 Ghanéens, 2 Maliens, 1 du Burkina-Faso, 1 de la Guinée Bissau. Quant aux 2 décédés, leur nationalité n'a pu être encore établie. Toujours, selon les rares déclarations contradictoires qu'ils ont faites, ils auraient payé leur traversée entre 200 et 500 euros. En fait, l'alerte a été donnée par les gardes-côtes espagnoles qui ont accru la surveillance de leurs côtes. Ayant repéré le Zodiac des clandestins après leur dérive, ils ont alerté leurs homologues algériens. À Oran, c'est le centre national des opérations de secours et de sauvetage qui a été alerté et a lancé hier matin, à 7 heures, les opérations de recherches. Deux unités et un avion ont été mobilisés à cet effet ; c'est finalement vers les coups de 12 heures que le Zodiac a été repéré et que l'opération de sauvetage de ces naufragés de la misère a pu avoir lieu. Après neuf jours de dérive en mer sans aucun moyen de protection, sans eau, sans nourriture, beaucoup des rescapés se trouvent dans un état jugé grave, souffrant surtout d'hypothermie. Les premiers soins d'urgence leur ont été prodigués au niveau du port d'Oran, le Croissant-Rouge algérien étant également présent pour assister les rescapés dont certains n'avaient plus la force de tenir debout ou encore de parler, littéralement transis de froid et réalisant à peine qu'ils venaient d'échapper à une mort horrible comme leurs compagnons d'infortune qui n'ont pu être retrouvés. Ceux qui souffrent gravement resteront hospitalisés au niveau des UMC d'Oran. Mais pour ces 26 clandestins, leur histoire ne s'arrêtera pas là. Car, dès que leur état de santé le permettra, ils devront être présentés devant le procureur de la cour d'Oran pour “immigration clandestine” et seront alors probablement expulsés vers leurs pays d'origine. F. B.