Après avoir réussi sa "révolution" populaire, la Tunisie veut donner l'exemple d'un pays arabe et africain en matière de gouvernance, en affichant sa confiance aux jeunes et aux femmes pour diriger les affaires du peuple tunisien. La Tunisie s'est dotée, depuis samedi soir, d'une nouvelle équipe gouvernementale qui a pour mission de sortir le pays d'une situation de crise politique, économique et sécuritaire difficile, cinq ans après la chute de l'ancien régime de Zine Al-Abidine Ben Ali. Avec à sa tête un Premier ministre d'à peine 40 ans, Tunis veut jouer la carte d'une jeune génération de politiques, tout en comptant sur l'expérience des aînés que le chef du gouvernement désigné Youssef Chahed a gardés. En effet, l'homme de confiance du président Béji Caïd Essebsi a gardé 9 ministres de l'ancien exécutif que dirigeait Habib Essid, mais il a également misé sur les femmes qui prendront la tête de huit ministères, dont entre autres ceux de la Justice (Ghazi Jeribi) et des Finances (Lamia Zribi). Cette dernière succède à Slim Chaker, contesté par l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT). Ce puissant syndicat a pu placer un de ses anciens responsables Abid Bikri à la tête du département de la Fonction publique et la bonne gouvernance. Ainsi, le nouveau gouvernement compte aussi 14 jeunes ministres, dont "cinq ont moins de 35 ans", s'est félicité Youssef Chahed. Parmi les membres de l'ancien gouvernement, plusieurs ministres ont été repêchés, à l'instar de Néji Jelloul à l'Education, de Hédi Majdoub à l'Intérieur et Farhat Horchani à la Défense. "Le nouveau gouvernement à vocation politique est formé d'un grand nombre de compétences", a-t-il insisté, a rapporté l'agence de presse officielle la TAP.Toutefois, il faudra attendre une douzaine de jours avant d'obtenir l'onction de l'Assemblée nationale qui avait voté auparavant sa confiance à M. Chahed. "Nous avons essayé de suivre une méthode qui garantisse l'efficacité du travail gouvernemental", a affirmé M. Chahed à la presse locale. "Nous avons structuré (le gouvernement) selon les priorités que j'ai édictées" le 3 août, a-t-il ajouté, en référence à la lutte contre le terrorisme, la corruption et le chômage. Pour rappel, M. Chahed est issu du même parti (Nidaa Tounès) que le président M. Essebsi. "Le pays a besoin de la conjugaison des efforts de tout le monde", a plaidé Youssef Chahed. "Ce gouvernement formé de jeunes compétences et de 8 femmes travaillera dans une ambiance harmonieuse étant donné qu'il est soutenu par un grand nombre de partis politiques et d'organisations qui ont contribué à sa formation dès le départ à travers la signature du document de Carthage", a déclaré Hafedh Caïd Essebsi, le directeur exécutif de Nidaa Tounès et fils du président, dans un communiqué transmis aux médias. Neuf partis et trois organisations nationales, essentiellement la puissante centrale de l'UGTT et le patronat, ont adhéré à l'initiative présidentielle, annoncée le 2 juin dernier, en vue de la mise en place d'un gouvernement jouissant du consensus le plus large. Lyès Menacer